#40jours #prologue | perpendiculaire à la nuit et notes de ville

Sa surface lisse grand rectangle nimbé d’images passantes plus ou moins denses silhouettes qui se pressent que tu frôles ce flux comme la section d’un film en continu cet écran miroir qui cache tu le pressens un poste d’observation car ici dans ce couloir tout est zones de surveillances : la glace sans tain du couloir de la gare du nord ( niveau moins un) en marchant vers La Chapelle (75018)

Perpendiculaire à la chaussée à hauteur de pieds une plaque de métal percée de trous réguliers ronds de la taille d’une pièce de deux euros ni jour de terre ni saut de loup  cette échappée close recèle un lieu noir où se cacher pour jouer — chaufferie garde bric-à-brac, de vivres à vieux livres — Tout a fini dans une benne depuis au 58 de la rue T. le soupirail a une plaque neuve sans trous . (75017) 

Ici les répliques et leurs images t’arrivent en audio, tout en direct sans filtre, le martellement des pieds, les frottements et les heurts parasites s’ajoutent aux voix. Là entendre/voir en aveugle à cette différence que chaque rayon de lumière qui perce les planches tu le touches des yeux, comme cet échafaudage de poutres métalliques qui, crois-tu te souvenir, soutient l’ensemble : les dessous de scène du théâtre de l’Alliance Française (il y a longtemps) (75014)

Une découpe à peine visible figure tout à fait réelle d’une porte qui devient imaginaire. Cette porte avec ses traces olfactives (de champignonnière, de malle à velours de scène, de membrure imbibée de sel…) Remugles d’une cave de ville qui porte le souvenir des foins coupé dans la nuit, du bitume et des rames de métro, l’odeur moisie et douce qui remonte de cette porte fermée, elle donnait dans le hall de l’immeuble parisien où ils vivaient et elle renait à chacun de tes passages: la porte des caves au 2 rue de Steinkerque (75018)

après la grille qui a son code ce chemin courbe pavé entre les buissons bien taillés, ces murs de briques que l’on voit derrière, un porche puis un autre, des embrasures: porte, baies, fenêtres. Ces petits bâtiments qui se succèdent et le jardin s’étage sur deux plans. C’est derrière un massif le torse en muscles et veines avec sa tête dépecée, un bras se tend vers le mur lézardé au lierre grimpant, un oiseau se pose sur la main — le temps de se gratter le bec; approchant on découvre le corps en entier bien campé sur ses pieds, nu jusqu’au sexe. Tout est décrit et saille, tout le réseau anatomique est figé dans la pierre seules les couleurs se défaussent : l’écorché du jardin de La Ruche ( 75015)

notes de villes

Tu photographies les pierres en surplomb, il s’approche et  t’invective dans sa langue puis il  crache dans ta direction : Rabat (cimetière)

Entre deux fleuves tu cherches un sens tu prends le premier quai du deuxième fleuve et  vas à rebours du courant en levant la tête tu aperçois les lignes du téléphérique: Lyon (vers la Soane)

Des cheminées d’aérations comme des conserves géantes sans étiquette, une bicyclette et une guitare, tes pieds crament blanc sur noir sur le bitume du toit qui s’amollit. Au lointain c’est un bleu net. Quand fumer ne nuit pas au solipsisme d’un gratte ciel qui n’en finit pas de croitre : New-york un toit (ville basse )

Un homme sur un banc en bras de chemise face au quai il porte un chapeau noir; il lit… tout luit et brûle. Éblouissement. La torpeur enclot l’image : New York (Brooklyn Bridge)

Premières myrtilles grosses comme des billes « think big» deux ou trois heures du matin dans l’échoppe on vend aussi des croissants. Une bicyclette file le trottoir; la couleur de la nuit passe du jaune au bleu (électrique). Rue perpendiculaire New York (mid town)

Ces visages d’une femme, ces femmes d’un visage dans une galerie blanche sur deux étages : Cindy Sherman New York (down town)

Au ventilateur du plafond l’air ne tourne pas rond, un dormeur ronfle. Sur l’escalier de secours ils ont sorti leurs matelas. La sirène c’est comme dans un film. Tu lis la Trilogie New-yorkaise.

Tu n’as pas vu Elis Island. As-tu seulement pensé à elle ?  

Ce mur blanc fait de touches menues de roses et d’ocres, de bleus ténus tu vois un Hopper en vrai. Des pastels de Degas une salle pleine, bras et jambes au tub qui se plient; de l’œuvre aveugle: comme danser. Rothko te refiles ses rouges, tu flotteras avec sa peau. Là-bas tout est encore possible.

A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

8 commentaires à propos de “#40jours #prologue | perpendiculaire à la nuit et notes de ville”

    • Oui Merci Ugo « soyons pleins/pleines de villes  » avec de bonnes chaussures de marches

  1. merci Nathalie, ça donne bien envie de mettre nos pas dans les tiens… il est où ce jardin de La Ruche ?