C’est mon cousin qui m’a donné l’adresse.
Moi c’est mon oncle.
Et moi mon frère.
Tout le monde sait que c’est ici.
Mon frère m’a dit te laisse pas impressionner.
Tu tournes à droite puis à gauche dans le centre commercial.
Ensuite il faut descendre.
Prendre un escalator, puis l’autre, puis un troisième.
Descendre.
On se demande pourquoi ils ont installé leurs bureaux là-bas.
C’est sombre.
C’est triste.
C’est pas ça qui va m’arrêter
Je suis venue pour travailler moi!
C’est mieux ici.
Tout au bout du couloir tu vois.
Tu nous imagines dans un bureau tout blanc plein de lumière et de sièges bizarres pas du tout fait pour s’asseoir?
J’y suis allée un lundi.
Je suis partie tôt de chez moi, je voulais pas être en retard.
Il fallait commencer par descendre le boulevard depuis chez mon frère.
Descendre l’escalier.
Descendre la ville du Nord au Sud.
Puis à droite à gauche dans le centre commercial.
J’avais l’impression de revenir en arrière.
Je regardais la carte que m’avait prêté mon frère, et il fallait sans cesse descendre.
J’ai suivi le couloir comme l’indiquait le panneau..
Il y avait leur nom sur le panneau
Un panneau gris en acier bien clair avec deux petits bonhommes verts qui se tiennent la main.
C’est ça qu’on va faire.
Propreté et services.
En se tenant la main.
Plus tard j’aurai la blouse.
J’en aurai même deux.
Contre une retenue sur salaire.
Je devrai la laver la blouse.
Je descendrai un soir sur deux au lavomatic.
Regarder les tambours tourner, l’eau se mélanger, la vidange accélérer.
J’attendrai que la fatigue se dilue dans les eaux savonneuses.