Une petite fille saute sur le trottoir, ses doigts glissent sur le grillage dessus la gare, elle voit partir les trains, les chaussures tremblent sous terre, le fracas de l’acier se déplace petit puis grande vitesse, le bruit, les gens, l’odeur, les pas vont et viennent. Des hommes sols comme toutes gares attendent bas, la crasse chevilles, les gobelets pièces pieds. Les enfants oublient-ils vraiment le passage misère ? Chaque jour transpercer les yeux sols. Apprend-on à désensibiliser l’innocence ? Je marche mais ne te vois pas. Tu n’es pas là, nous sommes debout eux dessous. Lève les yeux, le destin haut sinon chute. Chut ça ne nous regarde pas. Chacun pour soi. Pourtant mon ventre toujours, tourne et retourne à la vue pleine ville de tous les hommes et femmes sols. Ce qu’il reste de l’enfance, l’indignité
Un tissu rouge glisse sous mes doigts, du velours doux, dessous un bois noble contient l’homme aux yeux tendres. La bonté se lit-elle dans les yeux ? Un vieux monsieur, les rides rieuses, l’œil bleu délavé, les jambes gangrenées, un vieux monsieur en costume, sur la fin de sa vie observe une arrière-petite-fille. Passif mais tendre, la descendance s’étend, le nom rayonne, même chez les filles. Un bois foncé, un lieu intimidant résonne pour la petite fille bien coiffée bien mise, le bébé attend dehors, il ne comprend pas et ma main ne veux pas effleurer le tissu et ma main le regrette déjà mais n’y arrive pas. Le regret du tissu sans marque doigts de petite fille encore là. Pourquoi regretter le tissu symbole ? Un fauteuil marqué du poids rieur déménage depuis dans les maisons père. Peut-être que les yeux le suivent et veillent. Attaché au cuir brun car peut-être que les objets incarnés soudoient le temps. Ce qu’il reste de l’enfance, la mort.
Ton pénis main, une salle de bain tamisée, dans les toilettes une odeur de lavande chimique. Piège d’amour mal lové. Un canapé chenille orange, une table ensevelie sous les couches d’autres vies que la sienne, une grand-mère s’occupe des autres. Elle ne voit pas, ou peut-être que si mais n’agit pas. Pas suffisamment. Apprendrons après que la culpabilité ronge l’âme. Les gitanes maïs font l’appartement, le papier peint fleurs marrons devenu jaune sous l’assaut fumée, Julien Clerc bêle. Le corps pétrifié sous mains volubiles, la petite fille ne sait pas grandir droit. L’amour mal placé, mal paré, mal engagé. La tendresse s’apprend sous peine de savoir comment qui pourquoi. Ce qu’il reste de l’enfance, l’inceste.
Prendre feu, l’odeur de suie, les exercices, les ordres droits, les bottes qui claquent cour, les bottes chaussettes dans l’attente, les sonneries nuit jour, sommeil ou pas. Les flammes, les corps brûlés, les visages brûlés, le barbecue de loin rappel, les incendies forêts, les arbres feux, les animaux agonisants, les vivants brûlés, la petite fille craint le feu si fort qu’elle rêve les flammes léchées. Et si son père et si la cheminée et si ses enfants, et si ; le feu conditionne chaque choix maisons, l’adulte devenu respire fumée, le nez se souvient de l’odeur, de la suie, des marques noires sur les joues derrière le masque. L’adolescente s’est entrainée pour braver la fumée dans le noir, un parcours, mais le feu loin, elle savait. J’admire et je fuis. Le goût fumé en bouche sur papille. Ce qu’il reste de l’enfance, le feu.
J’aime vraiment beaucoup ton style d’écriture. Où la poésie est de la prose.
Merci J Hendrycks !
Oh merci beaucoup. Le fait d’écrire pour faire lire chaque jour améliore je pense mon rapport à la langue. Me force aux pas de coté. Entre ce que l’on voudrait et ce qui vient. Merci pour le commentaire