J’essaie de regarder par la fenêtre mais j’ai beau me tordre dans tous les sens, l’écran occupe toute la vue. Il y a des jours où des gouttes d’eau ruissellent sur ma vitre. Une fois, une mouche est venue y cogner longtemps, je lui ai expliqué qu’à mon grand regret elle ne pouvait pas rentrer dans le tube, je lui ai proposé de venir me voir de temps en temps, je ne crois pas que ce soit elle qui est revenue quelques semaines plus tard se cogner avec le même aveuglement. Depuis quelque temps, de minuscules fourmis grimpent le long de ma vitre, en redescendent, remontent, elles vont au-delà de ma vitre, celles qui redescendent sont parfois chargées d’un petit quelque chose dont je ne saurais pas dire ce que c’est, je suis bien contente de ces visiteuses qui sont d’une régularité rassurante. J’aime les voir défiler les unes derrière les autres, cela doit être bon d’être fourmi, toujours accompagnée, je suis le trajet de l’une d’entre elles avec mon doigt, c’est comme si je la conduisais, mais en réalité, c’est elle qui conduit mon doigt.Aujourd’hui des gouttes d’eau ruissèlent encore, les fourmis ne sont pas venues, l’eau dépose des traces grisâtres, comme des virgules et des traînées, quand le juge devient phosphorescent à la nuit, les gouttes d’eau s’illuminent, il y en a de toutes les couleurs, c’est merveilleux. J’entends un crépitement continu, on entend peu de bruits dans le tube, mais c’est le cas à chaque fois que ma vitre est arrosée, il arrive que me parviennent des sifflements aigus qui couvrent le bruit de l’écran et celui-ci se met à bouger comme s’il respirait, les images s’en trouvent déformées comme si elles flottaient. Il arrive qu’une feuille morte danse devant ma fenêtre, ou des flocons de neige. Pas si souvent malheureusement.
Catherine, que voient les fourmis par ta fenêtre ruisselante ?
Merci d’avoir été fourmi l’espace de ce beau texte !
Merci Fil, j’avoue, ça manque de cigales…
J’ai adoré vos deux textes, celui-ci et « L’ours, la grue et le tigre.. ». Le personnage nous emporte dans son monde et on ne voudrait plus le quitter. Et cette maison est tout un univers. Merci infiniment, Catherine !
Helena votre commentaire me touche beaucoup, j’essaie de suivre ce personnage sans trop savoir où il m’emmène, il se révèle lentement au fil de l’écriture… Jusqu’où?
Pas assez de chaleur pour les cigales !
Bravo pour ce monde vu de très près Merci
Merci beaucoup Véronique