J’ai pensé qu’il me fallait un lieu. Comme un rendez-vous secret dans la ville. Une échappée face au bouillonnement tout autour. Un lieu dédié ce serait bien. Il y a eu l’idée de cette arrière-salle visitée un soir de pluie à la Maison des jeux. Vieille fenêtre qui donne sur le parc, bureau partagé, trop grand. Trop cher. Mais l’idée de trouver un lieu dans la ville pour écrire résistait. Aux multiples boîtes aux lettres de nos vies, il y aurait celle-ci, celle pour écrire. Mais les lieux secrets et accessibles à tous ne courent pas les rues. Il a fallu tenter les bibliothèques. Écrire dans des espaces remplis de livres, cela ne pouvait qu’aider à la concentration. Le problème avec les bibliothèques c’est le silence. Le silence autour résonnait jusqu’à la page de mon ordinateur, qui elle aussi restait un peu trop blanche. Alors il y a eu les cafés, rituel adopté pendant la période du télétravail généralisé, le café où on se pointe chaque matin, on demande un latte, puis un café noir finalement, double expresso même, parce que le lait finalement. Et même si la musique est forte, si les verres tintent, si les rires grossissent derrière le bar au fur et à mesure que les clients entrent et que l’on s’approche de l’heure du déjeuner, même avec tout ça, je peux me glisser dans cette bulle de son qui fait comme un rempart et protège l’espace où je peux écrire, là où il est plus facile de s’élancer. Il m’arrive aussi, certains jours, de rêver à une cabane au fond des bois, une maison au bord de la mer déchaînée, une île déserte. Mais le plus souvent, j’écris chez moi, la fenêtre à demi ouverte, avec les bruits de la rue qui éclatent, quatre étages plus bas, la rumeur du monde jamais bien loin.
Oui ces bulles de bruit pendant la méditation de l’écriture sont précieuses; merci Céline pour votre texte reposant.