Les clefs de l’antivol du vélo
Elles devraient être dans la boite à clés, dans le tiroir de la commode, dans le couloir, proche de la porte d’entrée, les clés devraient être à côté de celles de la maison, de la voiture, avec la télécommande de la porte de parking, les clés de l’appartement de son fils, de la cave, les clés de la maison de ses voisins et un trousseau de deux clés inconnues. Mais ses clés d’antivol de son vélo ne sont pas avec les clés. Alors elle cherche juste à côté de la boite à clés, parmi des enveloppes blanches et longues empilées, une pochette transparente de timbres-poste, une carte postale du Lac de Vassivières, une lampe de poche, des plans de ville pliés, un bouton recouvert de cuir, un câble de téléphone, un paquet de cigarettes entamé, un vieux carnet d’adresses corné, des flyers d’un restaurant du quartier qui livre gratuitement des plats indiens, des masques anti-covid, des paquets de mouchoirs jetables, une petite boite d’allumettes cambodgiennes, mais elle ne retrouve pas ses clés de vélo, alors elle va dans son bureau, ouvre son sac à dos où elle trouve son portefeuille avec ses cartes de réduction, de crédit et d’identité, des billets de banque, puis son carnet de notes, son crayon de papier et son stylo Bic noir, son paquet de mouchoirs en papier, son porte-monnaie de cuir rouge avec dans sa poche latérale une clé USB, sa carte RATP avec son portrait à la peau encore plus blanche qu’en ce moment, un couteau suisse Vercingétorix, un tube de baume à lèvres Nivéa, et un livre de poche de poésie emballé dans un petit sac de toile d’une librairie portugaise à Paris. Mais elle ne trouve pas ses clés de vélos dans son sac à dos, alors elle regarde dans sa grande besace de toile beige posée sur le sol dans le couloir où se trouvent le dossier de documents médicaux qu’elle avait pris pour sa visite médicale, sa radio, les deux compte-rendus du radiologue (un pour son médecin traitant, l’autre pour ses propres archives et le CD-ROM de la radio), une ordonnance, des résultats d’examen sanguin, elle trouve aussi ses lunettes de soleil dans leur étui mou orangé, un stylo bille publicitaire d’une agence immobilière, un paquet de mouchoirs en papier ouvert, un échantillon de parfum Nomade de Chloé, un tube de crème pour les mains à la noix de macadamia, un foulard à pois en cotonnade, une lime à ongle, un tract du parti animaliste des élections législatives, un courrier des « amis de la terre » pas ouvert, une gomme pas nette, un feutre surligneur violet, un mousqueton de poche, un sac plastique plié, mais elle ne retrouve pas ses clés de vélo. Elle fouille dans les poches de sa veste kaki, accrochée à une patère dans le couloir. Rien. Puis dans les poches de son blouson jean’s, elle ne trouve rien d’autre qu’une ancienne liste de commissions. Pas de clés de vélo. Alors elle cherche dans sa pochette de cuir, celle posée en haut des étagères de l’armoire, elle y trouve une pièce d’un euro, un mini carnet vierge, un trombone et un mouchoir de papier froissé, usagé. Alors elle regarde dans le bas de l’armoire, parmi les bacs de sous-vêtements et de chaussettes. Elle les renverse, et sur le parquet entre tous ces tissus colorés en vrac, surgissent ses clés de vélo. Elle peut passer à autre chose.
ouf! (failli partir à pieds,hein)
n’est ce pas