D’une certaine façon, je ne me souviens pas d’ici. Je veux dire je n’ai aucun souvenir d’y être arrivée, aucun souvenir d’un emménagement, d’une installation, et encore moins d’un ailleurs dont les éléments auraient été transportés ici. Je suis ici, je ne peux rien dire d’autre que : je vis ici, sans être absolument certaine d’y avoir toujours vécu, je ne connais pas d’ailleurs autre que cet ici, il y a ce qui est montré sur l’écran, des lieux que je reconnais comme tels, villes, rues, montagnes, déserts, prairies peut-être pour les avoir connus dans un autre temps dont je ne me souviens plus, ou peut-être seulement dans d’autres images de ce même écran, qu’en sais-je? Je suis la créature d’ici. De même, je ne connais pas d’autre créature que moi-même, je ne connais ni homme, ni femme, ni enfant autres que ceux vus sur cet écran, je ne connais pas le contact d’une autre peau, le regard d’autres yeux, la voix réelle d’une autre personne, ou bien je ne m’en souviens plus. Je suis unique en cet ici. Si je suis en manque c’est de ce que je ne connais pas.
Très beau texte, Catherine !
J’apprécie beaucoup ce peu, très peu de souvenirs.
Merci pour cet intrigant moment de lecture !
Ah ah ! Fil contente de vous intriguer ! Moi ce qui m’intrigue c’est votre capacité de lecture, j’ai l’impression que vous n’êtes pas loin de l’exhaustivité! quelle constance, quelle générosité, quel appétit!
Très intrigant en effet… je ne sais pas à quoi ça me fait penser mais une chose est certaine : ça me fait penser à un truc…
Comme tout s’efface et se contient dans l’ici. J’aime beaucoup ce texte.