#40jours #08 | marqueurs terminus

Terminus Bastille.

L’escalator est en panne, à sa gauche un escalier de larges marches, 40, peut être 50  et le bruit montant de la ville qui se mêle au milieu, (marches 25, 26, 27)à celui des rames tout au fond des couloirs qui vont et viennent . À droite l’immeuble de la banque de France, sept étages, le dernier, les fenêtres sont plus étroites, ce sont d’anciens logements de bonnes rénovés.Parfois plusieurs chambres réunies en abattant les cloisons pour constituer des appartements. C’est déductible en observant les rideaux. Tout en haut, à l’angle une sorte de petite coupole, on voit bien son revêtement d’ardoises depuis le trottoir d’en face, en se déplaçant, en traversant la rue Saint-Antoine et en levant les yeux. Deux fenêtres de formes rondes légèrement ovales, type œil de bœuf. Surface noire des vitres, pas de rideau.

L’immeuble est habité à partir du 3eme étage, les étages inférieurs et sans doute les caves, sont dévolus à l’activité administrative et financière de la banque. Il doit exister une entrée réservée pour les employés, invisible de ce point de vue. L’entrée principale au numéro 5 semble réservée elle aux habitants de l’immeuble. Retour vers cette porte, massive avec des barreaux et des vitres. En s’ approchant plus près on peut distinguer un hall avec des vitres de chaque côtés et un peu plus loin le bas de l’escalier. Un tapis rouge au milieu des marches dont le tissu est tendu par des tringles métalliques dont on aperçoit les embouts dorés.

À droite de la banque un bar tabac, la terrasse est sortie, il est 14h la plupart des clients en sont au café, dans de petites tasses marron dont le rebord est d’un blanc cassé. Si on entre le bruit du flipper nous happe ainsi que l’entre choque ment de la vaisselle qu’on est en train de débarrasser et de laver. Quelques couples assis à des tables, de format carré avec un unique pied central, au sol du carrelage, constitué de larges pièces de couleur beige, les joints sont noirs. Des miroirs sur les murs de tailles identiques créent une profondeur supplémentaire et on a la sensation que les silhouettes s’en trouvent démultipliées. Un homme seul dans l’angle au bout de la salle, costume cravate attaché case, lunettes sur le nez en train de consulter un dossier. Le prix du paquet de lucky à augmenté. Un briquet rouge se dépose près des Lucky strike, un briquet qu’on peut trouver facilement quand on le cherche.

En ressortant le regard hésite entre la devanture d’un kiosque à journaux dont plusieurs publient en première page le portrait en noir et blanc de François Mitterand, et au dessus du toit du kiosque le petit génie doré au bout de la colonne Bastille. Retour sur l’immeuble de la banque de France. Des années plus tard un artiste, Piotr Pavlenski mettra le feu à l’une des annexes de la banque dans la capitale. Retour sur l’observation du génie de la liberté, il a l’air joyeux, une jambe un peu envoyée en arrière comme s’il volait, mais la fixation à la colonne plus bas crée quelque chose de bizarre, un empêchement. Encore plus loin on devine les cinémas qui seront remplacés par l’opéra Bastille.

À gauche le boulevard Beaumarchais, quelques centaines de mètres et le magasin Paul Beusher, à gauche les pianos, on les aperçoit derrière les vitrines par de la le reflets des platanes, un Boesendorfer, plus loin un Steinway, et des marques moins prestigieuses dans le fond du magasin, déjà des synthétiseurs plus fins montés sur des pieds en metal, sombres, contraste ça et la entre le blanc des touches de clavier blanches et noires. Au milieu, comme protégé par les deux autres devantures le magasin de partitions avec en devanture les hits du moment, Michael JACKSON et Led Zeppelin et d’autres encore, méthode facile pour apprendre le piano, la guitare, le trombone…un Georges Brassens pour les paroles et accords, Yves Duteil et son petit pont de bois, et au delà on peut si on le veut apercevoir des chalands qui fouillent dans des boites, des employés qui voltigent et en surimpression la carotte d’un tabac de l’autre côté du boulevard, et des feuillages de platanes, des traces éphémères de couleurs mobiles celles  de véhicules de diverses couleurs qui passent s’ajoutent encore au tableau, le troisième magasin et ses guitares, Fender, Epiphone Gibson, Tony Bacon, Chauvel, Kramer et celles que le magasin vend sous sa propre griffe, des guitares classiques d’étude principalement. Plus loin on pourrait encore pousser jusqu’à l’enseigne Prophot, sa vitrine et tous les appareils neufs et d’occasion, mise à l’honneur du Mamya 6×6 notamment, puis le regard dérive vers un vieux modèle de Leica, pas encore numérique, mais déjà tellement coûteux sans optique. La série classique des NIKON et des Canon, qui se tirent la bourre en déployants à leurs côtés des kyrielles de focales, avec leurs petites étiquettes discrètes indiquant l’ouverture et le prix en tout petit.

On traverse le boulevard Richard le noir en passant par la rue des Filles du Calvaire. En poussant un peu plus encore on se trouve dans la rue de la roquette, encore dans son jus avant l’arrivée des sauterelles qui dévoreront tout de ce que le quartier a connu de  populaire. Déjà les artisans ont cédé  leurs locaux pour qu’on y crée des lofts, les premiers bobos vautrés dans leur arrogance  aux terrasses, une pâtisserie marocaine, on peut entrer pour acheter quelques gâteaux sucrées loukoum makroud corne de gazelle, mais on ne s’assoie pas, trop de monde à siroter le thé dans de petits verres décorés de fleurs peut être peintes à la main.

Retour vers la place en dégustant un makroud. Sur la gauche deux grandes terrasses et le cirque des clients assis, lunettes de soleil, premiers téléphones sans fil. Énormes, coûteux mais si classe. Cet obsession d’un grand nombre d’avoir l’air affairé et en meme temps de se retrouver là « par hasard ». Des jeunes gens filles et garçons écrivent loin les uns des autres sur de petits carnets.

Poursuivre par le boulevard saint-Antoine direction Nation, un petit coup d’œil à la place d’Aligre, à l’angle droit un immeuble et deux fenêtres fermées, stores baisses , . Et encore transversalement rejoindre la Gare de Lyon, descendre au sous sol, passer les tourniquets arriver sur le quai de la ligne C direction Boissy-Saint-Leger attendre la rame dans un eclairage glauque, crissement de freins de roues, chuintement et sonnerie, trouver une place assise jusqu’au terminus.

A propos de Patrick B.

https://ledibbouk.net ( en chantier perpétuel)

Un commentaire à propos de “#40jours #08 | marqueurs terminus”

  1. Prem’s! bravo plaisir de reconnaitre bien mon quartier, Beusher les magasins de photo (je crois qu’il n’en reste qu’un aujourd’hui!, l’agencement des rues (je n’ai pas encore vu l a proposition) mais suis étonnée que vous disiez boulevard st Antoine et non faubourg, et ligne C et non A ( un RER que j’ai pris si souvent)…