Passée la porte d’entrée en bois vernis on tombe sur le magma de vêtements suspendus à une patère à six têtes puis on suit les grosses fleurs de glycine mauves du papier peint au-dessus des lambris à la peinture écaillée, tout de suite à gauche la porte à demi vitrée des w.c. reste toujours ouverte, la cuvette est posée tout au fond sur une petite estrade couverte du même parquet que la pièce et le couloir, un paquet de rouleaux de P.Q. à son pied, elle est desservie par une chasse d’eau à réservoir en hauteur et poignée de bois, une petite fenêtre carrée suffit à éclairer le lieu. La deuxième porte demi-vitrée sur la gauche s’ouvre sur un lino gris moucheté et des murs peints d’une peinture grasse et jaune citron sous le tranchant vert épinard des étagères supportant tout un bric-à-brac : conserves et sachets contenant divers ingrédients dont un paquet entamé de farine de sarrasin, du riz complet et une boite de cornflakes des assiettes en faïence rose pâle pour la plupart ébréchées des verres en Duralex. En contrebas la table du même vert spinash supporte un pichet de faïence marron sous filtre Melita d’un marron plus sombre, de l’autre côté un lavabo douteux est encombré d’un peigne, d’une savonnette et d’un verre à dents d’où jaillissent deux brosses aux poils recourbés comme des cils, sous le lavabo est glissé un bidet en plastique jaune sur piètement de bois. En prolongement, la gazinière posée sur un meuble métallique dont le dessus granité est taché de coulées brunes qui poursuivent leur chemin sur les deux portes dudit meuble. Une hotte cimentée et bouchée coiffe le tout , son rebord accueille divers pots d’épices, une boîte de sel Cerebos et un poivrier Peugeot en bois miel. À 50 cm de là, l’évier en céramique jaunie est équipé d’un robinet à embout anti-projection de caoutchouc, à sa droite la fenêtre au garde-corps tout en volutes de fer forgé ouvre sur le petit baraquement qui fait office de loge de concierge et des jardinets plus potagers que d’ornement. La troisième porte à gauche est pleine et ouvre sur une pièce parquetée ornée d’une cheminée en marbre de Carrare, les murs au-dessus des lambris sont entièrement recouverts de feuilles de papier kraft juste agrafé par-dessus le motif glycine. Un matelas de 140 à même le sol est plus ou moins recouvert de draps en polyester à motifs plus ou moins aztèques et fait face à la partie basse d’un buffet plus ou moins style Empire rempli jusqu’à la garde de vêtements, slips chaussettes étant remisés dans des boîtes à chaussures. Même fenêtre sur même vue. Enfin, l’unique porte à droite du couloir ouvre sur la deuxième pièce de grandeur équivalente équipée d’un divan recouvert d’Indienne rose sous des coussins de satin jaune, d’une cheminée en marbre rouge, d’un papier peint bleu ,d’un bas de buffet plus ou moins Empire. Vers la fenêtre une table de style espagnol marronasse est poussée contre le mur et entourée de ses quatre chaises à coussins en tapisserie, le tout croulant sous les livres… la fenêtre à deux battants donne sur la place Salvador Allende, une cabine téléphonique et le bâtiment rouge et blanc de la mairie.
Belle description précise et détaillée.
Merci de votre passage et de ce commentaire
Extraordinaire description ! Parfaite pour y faire vivre une histoire !
Ah, j’ai adoré le titre !
oui moi aussi je pense histoire mais c’est très très vague pour l’instant et de ce texte, je ne sauverai que le titre ! 😉 merci d’être passé