Marcher sur le sol dallé jamais sur les joints sinon un gage ne jamais marcher sur les avaloirs qui avalent tout marcher sur les plaques d’égout mais au milieu sinon un gage contourner celles qui sont ouvertes regarder dans leur profond où travaillent les égoutiers derrière leur fragile armature para-chute,faire marcher un bonhomme en direction d’une bouche d’égout ouverte dans les marges des cahiers avec une petite pancarte fichée à côté où il est écrit exit en avoir dessiné tous les jours de lycée leur tampon posé à côté comme font les égoutiers marcher sur le macadam mais jamais sur les fissures les boursouflures ni les craquelures un monstre vit dessous qui pousse qui pousse un jour il sortira de terre hurlant sa soif marcher sur les bordures de trottoirs sans tomber dans le caniveau sinon un gage marcher dans l’eau du caniveau l’été et mouiller les sandales marcher sur le sable de la contre-allée et s’empoussiérer les pieds marcher sur les graviers les faire grésiller en transporter dans les crans des chaussures marcher dans l’herbe même si défendue marcher sur les pavés et se tordre les chevilles marcher sur le ciment brut sur les dalles de béton sur les marquages au sol mais ne pas dépasser sinon un gage marcher sur le comblanchien un jour de pluie et s’affaler sur les fesses marcher sur le goudron frais et y rester collé marcher pieds nus sur l’herbe tondue marcher dans les rues du village jonchées de loirs crevés marcher patiner sur la route verglacée marcher sur les chemins empierrés et faire rouler les pierres marcher dans le sable et s’y enfoncer marcher dans les tunnels sur les corniches sur les sentiers sur les routes et les parkings d’autoroute marcher dans les bois dans les plaines dans les montagnes et dans les villes marcher ici ou là avoir tant et tant marché sans aller nulle part…
Ahah quel plaisir de découvrir votre texte malicieux 🙂
Merci Sophie, malice pour se tirer comme je peux de cette affaire de sols…
Voilà qui m’a bien plu.
Voilà qui me fait bien plaisir !
Je retrouve un avaloir ici, moi qui n’était pas loin, dans le regard en fonte. Comblanchien : jolie curiosité. La pierre calcaire ! (petite vérification…)
Un texte gourmand de jeu, mots, mouvements. 😉
Merci Nolwen, nos avaloirs sont plus généreux que ceux des éditeurs 😉