Terre battue, trouée, nids de poule que la pluie a remplis, la terre a bu l’eau, l’a laissée s’infiltrer. Acceptation. On dirait une zone de guerre. Verdun. Comme tout ce qui vient de l’enfance. Revenir au pays d’origine, c’est forcément avec les pieds à même le sol. La terre encore humide s’agrippe aux semelles des baskets qui ont été sculptées avec des creux et des bosses pour une meilleure adhérence. Ça laissera forcément des traces sur les paillassons lorsqu’on entrera chez ceux qu’on est venu visiter, malgré frotter ses pieds. Les roues de la voiture ne peuvent éviter tous les trous. Ils sont trop nombreux. Trop rapprochés. Posés de façon aléatoire sur toute la surface de la place. Le corps est secoué. La poussette sortie de la voiture est d’un tout petit gabarit, adaptée à la ville. Pourtant les quatre roues ne peuvent rester sur le trottoir une fois la route traversée. Au tournant il se réduit comme s’il avait fondu. Les pavés des trottoirs de forme carrée signent le pays d’origine. Plus loin la poussette est à nouveau empêchée, exclue du trottoir, repoussée sur la route. Une barrière métallique interdit le passage sans qu’on en comprenne la raison. Divers détritus et des mauvaises herbes abîment la rue. La pluie récente aussi. On aimerait trouver ça beau. Sur Google la même rue quelques années plus tôt avec un soleil timide, un peu comme un sourire forcé. Obéir au photographe pour faire joli. Sur cette photo Google, c’est comme si tout avait été soigné, la rue balayée, les mauvaises herbes arrachées, les jardins entretenus… C’est plus beau qu’en vrai.
Anne, tes phrases sont plus longues que les miennes. Mais ça n’enlève rien à l’intérêt ni à la beauté de ton texte.
Merci pour ce moment de lecture !
Me touche ton texte . Ce retour au pays . Me touche avec sa terre battue. merci
superbe, j’y suis…