Un chemin pavé creusé dans la colline. D’un côté, un mur jaune pâle de pudding. De l’autre, un talus humide. D’un côté, les arbres se balancent : micocouliers, oliviers, cyprès et même un arbre de Judée. De l’autre, des plantes d’ombres montent à l’assaut de la colline : la salsepareille, la garance, le sureau et l’acanthe. Au milieu, les pierres du chemin sont anciennes et coupantes : le chemin de la galère ou, selon la bible des noms de rues de Nice de Marguerite et Roger Isnard, « lou camin de la galera ». Il pourrait être selon une étude du Dr Alexandre Barety un tronçon de la via Julia Augusta qui allait de Cimiez au Ray. Son nom serait la déformation du nom d’un noble niçois, Galea, qui possédait une propriété par là. Rien à voir avec la galère et les galériens.
Un portail de métal peint en vert vif, mangé dessus dessous par les agaves et les cyprès. Les pilastres cimentés sont ornés de mosaïques qui figurent des visages pensifs de femmes et d’enfants : la maison d’Obolensky, près du cimetière russe de Caucade où plus de 5000 russes sont enterrés. « On venait mourir à Nice à la Belle Epoque » a déclaré Obolensky.
Une barrière tellement rouillée qu’elle exsude des coulures brunâtres. Un garde-fou inutile resté là comme une agrafe pourrie dans la peau crouteuse de la cour intérieure : la rampe d’accès des bestiaux des anciens abattoirs de Nice.
Un beau bourgeois – l’ensoleillée ! C’est un immeuble de cinq étages avec une jolie corniche sculptée couleur safran : l’hôtel où Françoise Frenkel aurait séjourné au gré de ses pérégrinations dans Nice. Mais je me trompe peut-être.