à flanc de colline un réseau de ruelles étroites, des murs aveugles, le ciment blanc, les murs tu les frôles pour ne pas sentir la chaleur déjà trop forte, ici rien ne pousse, ici les voix sont tues, absorbées dans le blanc des murs, tu pourrais crier que personne n’entendrait, ce n’est pas même une ville mais son souvenir : Cretto di Burri, sur les ruines de Gibellina
il y a que cette façade morne t’avait attirée, surement les volets bleu de Prusse entrouverts devant les deux fenêtres, la poussière noire qui s’était déposée à travers leurs lames, imprimant leur place comme une ombre sur l’enduit gris, et, derrière les volets, derrière le silence ce que tu as cru, une présence, tu as déclenché, tu as fui pour ne pas être repérée : ce n’était que le reflet du monde sur les vitres, à Strasbourg
dans le sous sol de béton de l’ancienne école une maquette de la ville, ou plutôt de l’anéantissement de la ville, elle s’étale sous une balle rouge suspendue comme un astre, on entend les rires des enfants dans la cour : sarcophage de mémoire à Hiroshima — la balle rouge indique le lieu précis de l’explosion
au pied d’un mur de béton, qui se répand sur le trottoir, l’éclat acide d’un voile froissé, un filet de plastique, fixé par des liens sur une barre de métal, elle même retenue par deux cordelettes, on dirait une voile affalée, une moustiquaire, une désertion, on est en ville, ce n’est pas pour chasser la baleine ou les papillons : à Tokyo, on protège les sacs-poubelle des attaques de corbeaux
le jaune de cadmium, le travail lent de la rouille sur le relief martelé, la manière presque désinvolte dont les plaques se chevauchent pour faire sol, ça ne contiendra pas la révolte du vivant, même si en dessous c’est le vide : quai de Valmy, plaques de roulage
il faudrait écrire un jour le soulagement de l’animaécriteur quand survient la première contribution à une contribution, ou tout un cycle !
retrouver ton regard comme il creuse la matière et vibre
merci Nathalie, ça me fait tout drôle de revenir, parce que oui ça ressemble à un retour, à bientôt !
la béance, l’absence et pourtant la présence, c’est très beau, merci