Y a-t-il quelque chose plus énigmatique qu’un corps dit féminin ? Qu’un corps jeune hein, après 50 ans on s’en fout de toute façon, secret ou pas secret, moitié de la moitié de l’humanité ou pas moitié de la moitié de l’humanité. Tonton (Grand-père ?) Freud ne parle-t-il pas du continent noir blablabla, rien que d’écrire son nom une fatigue immense m’envahit mais bon vous y avez tous pensé alors il faut bien que je tartisloupe sa référence sur la page. Mais je n’irai pas plus loin, si vous avez du temps à perdre ses livres sont en bibliothèque, conformément à la mission de service public de ce genre d’établissements. Perso j’ai déjà sacrifié un temps trop important à cette simple évocation. Et mon temps est compté ou plutôt je compte désormais mon temps. Enfin, les deux, oui. Toujours dans mes références foireuses, je songe soudain à ce film d’amour blanc, Out of Africa (oui oui c’est un festival de références pourries aujourd’hui), plus précisément l’anecdote racontée par Meryl Streep à Robert Redford, à ce moment il y a une musique un peu lyrique, une voix légère pour ne pas trop inquiéter le garçon mais sérieuse quand même pour qu’il tende un peu plus l’oreille : « sur d’anciennes cartes africaines, les zones inconnues seraient appelées « pays des dragons » ». Je vous vois venir, « elle est passée du continent noir à l’Afrique, quel raccourci », bah oui, je prends des raccourcis théoriques si je veux, c’est pas comme si le corps féminin et le corps noir n’avaient pas été au menu du festin de l’exploitation depuis… depuis combien de temps au juste ? Et d’ailleurs, n’hésite pas à prendre le bus 211 demain dimanche à 6h10 à l’arrêt Fort de Rosny, tu verras la cohorte des exploitées noires en route pour nettoyer la merde blanche, c’est édifiant au moins autant qu’un bouquin de Freud. Alors, le mythe de l’obscurité de leur sensualité ou de leur sensualité obscure me fatigue, mais d’une puissance… surtout qu’elle s’accompagne encore et toujours de dénis médicaux, un désert de la pensée, on peut voir rouler les tumbleweeds qui roulent devant les saloons à ce sujet : les spécificités de l’infarctus et de l’AVC féminins, par exemple, l’endométriose ou la ménopause comme troubles de bonne femme complètement minorés, les séquelles psychophysiques du nombre délirant de petites et grandes violences endurées au cours d’une vie… Bon, reprenons : le corps féminin, une masse de chair et d’os recouverte de peau, des cheveux, plus ou moins mais plutôt plus, du sang en rivière (beaucoup de sang, un tatouage au sang, j’y reviendrai si j’ai le temps), sans doute quelques organes, mais le cœur serait-il à droite que les manuels scolaires continueraient à clamer que l’humanité porte son coeur à gauche. Un utérus, un vagin, des ovaires, et surtout un clitoris qu’on a attendu 1998 pour dessiner, 2016 pour modéliser en 3D. Obscurité, c’est ça ouais. Excision symbolique, surtout, oui.