La forêt n’est pas si loin de la ville natale. Nous avons marché sur un chemin entre deux champs, en direction de la forêt. Les longues promenades en famille étaient rares mais mon grand-père maternel aimait les champignons et avait assez d’allant pour entraîner tout le monde. À l’orée de la forêt, deux chemins s’offraient à nous pour y pénétrer. Nous nous sommes arrêtés deux minutes pour en parler et choisir celui que nous emprunterions. J’ai regardé fixement les deux chemins sans arriver à savoir celui que je préférais. Les deux m’attiraient. Profondément. Au moment où nous nous sommes engagés sur le chemin de droite, j’ai éprouvé comme une déchirure. Je n’ai rien dit aux adultes que je suivais. Une partie de moi, l’invisible, avait pris le chemin de gauche. J’imaginais, je sentais les tiges qui l’effleuraient, les obscurités qu’elle traversait. J’ai grandi. J’ai souvent repensé à l’autre chemin, à celle qui l’avait suivi. Puis j’y ai moins pensé. J’ai habité d’autres villes, marché dans d’autres forêts. Je suis venue vivre dans la capitale. J’ai passé beaucoup de temps à arpenter la ville du Nord au Sud, à marcher dans les rues que je ne connaissais pas. Et un dimanche je l’ai croisée. Elle sortait d’un square. Nous nous sommes immédiatement reconnues. Un sourire étonné, à la fois timide et sûr, un Bonjour, affirmé. Nous savions ce qu’il en était, elle et moi. Nul besoin de mot supplémentaire. Chacune a poursuivi son chemin.
Voilà une très belle histoire de double !
Diablement efficace !!
Merci Muriel.
Quelle belle histoire ! Beaucoup aimé la fin : ces deux chemins qui se séparent à nouveau, comme un cycle qui se referme, une parenthèse hors temps. Merci, Muriel !
quelle belle image d’avoir « doublé » le chemin
on demeure en arrière en se demandant si on ne va pas suivre la piste délaissée
Un grand merci à vous trois pour vos retours