#40jours #40 | Peinture, capitale iconoclaste du 21 ème siècle .

Introduction à la constitution d’une table des matières.

Toute cette fantasmagorie désormais, comme toujours, qui recouvre le mot peinture. Même la peinture en bâtiment. Il s’agirait pour avancer, c’est à dire peindre, de la repérer, de prendre au moins conscience de son impact sur le peintre comme sur la société entière. Puis de la déposer de son piédestal, imaginaire tout autant.

Pour s’en conforter, on pourrait reprendre un passage de Walter Benjamin au début de Paris Capitale du 19eme siècle, lorsqu’il évoque l’essence de l’histoire au 19eme siècle via Schopenhauer : 

« L’OBJET de ce livre est une illusion exprimée par Schopenhauer, dans cette formule que pour saisir l’essence de l’histoire il suffit de comparer Hérodote et la presse du matin. C’est là l’expression de la sensation de vertige caractéristique pour la conception que le siècle dernier se faisait de l’histoire. Elle correspond à un point de vue qui compose le cours du monde d’une série illimitée de faits figés sous forme de choses. Le résidu caractéristique de cette conception est ce qu’on a appelé “l’Histoire de la Civilisation”, qui fait l’inventaire des formes de vie et des créations de l’humanité point par point. Les richesses qui se trouvent ainsi collectionnées dans l’aerarium de la civilisation apparaissent désormais comme identifiées pour toujours. Cette conception fait bon marché du fait qu’elles doivent non seulement leur existence mais encore leur transmission à un effort constant de la société, un effort par où ces richesses se trouvent par surcroît étrangement altérées. Notre enquête se propose de montrer comment par suite de cette représentation chosiste de la civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles créations à base économique et technique que nous devons au siècle dernier entrent dans l’univers d’une fantasmagorie. Ces créations « subissent cette “illumination” non pas seulement de manière théorique, par une transposition idéologique, mais bien dans l’immédiateté de la présence sensible. Elles se manifestent en tant que fantasmagories. »

Extrait de 

Paris, capitale du XIXe siècle

Walter BENJAMIN

S’il fallait désormais imaginer une « capitale » de la peinture c’est à dire quelque chose d’assez proche de l’idée première que nous nous faisons aussitôt du mot, comme celle d’une ville en tête de nombreuses autres quel en serait le plan, la table des matières, la structure, 

Le fragment, l’accumulation de fragments par thèmes et catégories, par mots clefs, semble être désormais une solution viable, non pour présenter l’exhaustivité d’ailleurs fallacieuse d’une nouvelle « exposition universelle » mais pour montrer au visiteur l’absurdité d’un tel but. Celui là même qui perpétuerait l’illusion d’exhaustivité. 

Tout au contraire par la multiplicité des thèmes, des catégories, des fragments indiquer la présence d’une histoire présente depuis toujours mais occultée car tordue, utilisée par une minorité qui se sert du mot histoire comme du mot peinture, du mot Art pour protéger ses privilèges, ses mensonges, comme un capital dont elle ne possède nul désir d,en dévoiler les tenants et aboutissants. 

Des premières peintures rupestres jusqu’au graffitis, le street art d’aujourd’hui il serait intéressant de revenir aux faits, à une réalité objective, si tant est qu’on puisse ne pas considérer cette objectivité comme une nouvelle fantasmagorie.

Quelle ville pourrait tenir lieu de Capitale de la peinture… aucune de toutes celles qui par réflexe nous viendraient aussitôt à l’esprit. Ni Paris, ni New York, ni Tokyo ni Shanghai, pas même Venise ni Florence,. Aucune de ces villes ne laisse un espace suffisamment « vierge » de toute fantasmagorie pour être le creuset d’une histoire différente de toutes les autres à propos de la peinture.

Pour la constitution d’un tel ouvrage le format du livre serait presque aussitôt risible. Le livre tel qu’on l’aurait imaginé jusqu’ici en tant qu’objet que l’on pourrait s’approprier afin de l’avoir dans une bibliothèque. Puis que l’on pourrait vénérer comme on vénérait autrefois les mannes et les idoles.

Internet pourrait être un bon support dans ce qu’il propose une image assez fidèle à la monstruosité d’un tel projet. Un site qui, a chaque fois qu’on y pénétrerait on en serait aussitôt comme expulsé par la puissance de ses possibilités analogiques. Dont les idées se propageraient comme autant de traînées de poudre dans l’œil du lecteur, et qui en ferait ainsi le co créateur anonyme.

Un site sur la peinture mais iconoclaste dans l’idée de détruire des on dit, des rumeurs, des fables, en un mot l’outil favori d’un système arrivant à son terme et dont la survie ne tient qu’aux images qu’il détourne, iconoclaste lui-même, selon son bon vouloir, son profit.

A propos de Patrick B.

https://ledibbouk.net ( en chantier perpétuel)

5 commentaires à propos de “#40jours #40 | Peinture, capitale iconoclaste du 21 ème siècle .”

  1. Une moisson de pistes de réflexion pour la création dans ton propos lesquelles essaient de débroussailler sinon justifier le fait de créer quelque chose « en plus  » sur internet, à propos de peinture ou d’autre chose.

    « . Un site ( dis-tu) qui, à chaque fois qu’on y pénétrerait on en serait aussitôt comme expulsé par la puissance de ses possibilités analogiques. Dont les idées se propageraient comme autant de traînées de poudre dans l’œil du lecteur, et qui en ferait ainsi le co créateur anonyme. ». A-t-on vraiment besoin pour vivre ensemble de ces espaces de méta langage sans cesse alimentés et brassés jusqu’au délire pour jouir de cette fantasmagorie que tu évoques ? Je pense à ce que disait Bernard Noël sur son propre nom qu’il tournait en dérision, inversant les lettres « nono léon » et répétant jusqu’à la fin de sa vie qu’il n’avait pas besoin d’exister, ni de survivre, puisque ses livres étaient là, derrière lui, qu’ils n’avaient aucune importance pour lui, tandis qu’il gardait la mort à portée de voix. La seule chose qui avait pu l’intéresser c’était le NOUS, un nous ambivalent , décevant par bien des côtés. Mais un NOUS provisoire et amical, l’amour étant beaucoup fragile et éphémère. Il ne s’est jamais préoccupé de classer ses affaires et d’autres le font à sa place, notamment sur internet, il a eu des fidélités éditoriales et de belles batailles de solidarité sur le thème de la « sensure », la privation de sens dont il accusait le monde moderne et les médias. Sa voix était douce, ses yeux affûtés même mal voyants à la fin, et son retour aux sources avec le magnifique livre qu’il a fait avec sa fille Dominique sur l’Aubrac, sera peut-être ce qu’il aura peut-être le mieux aimé dans son oeuvre dispersée et profondément engagée.
    Je ne connais pas du tout Walter Benjamin et je n’ai pas très envie de m’engouffrer dans un tel maelström de commentaires sur les écrivains français qu’il a étudié ou sur autre chose. Sans nier son talent d’écriture, je me dis qu’on ne doit pas copier-coller sans arrêt les idées qu’on prend chez les autres. Faut-il faire table rase pour autant. Je n’en sais rien et je pense que ce n’est pas possible. La notion de capitale ne représente rien pour moi, c’est une dénomination pour quelque chose dont les limites sont impossibles à stabiliser honnêtement sauf à s’autoproclamer spécialiste de l’inventaire , seul ou à plusieurs. Les données numériques ont une durée de vie qui n’excédera pas celui de la planète , sauf à les satelliser pour pollluer encore plus la galaxie. La vraie question pour moi serait plutôt, à quoi occuper le reste de m

  2. Votre texte est superbement bien fait. Tiens, j’aurais voulu savoir l’écrire. Ce siècle ou l’ultra capitalisme est dans les mains de quelques uns. « Ils détournent les images à leur profit »…et les gens. Merci beaucoup.