Tout droit, à peu près lisse. ça saute un peu ici et là. C’est pas régulier. Des trous d’égout à droite tous les 10 mètres, des fissures de vieille route, des petits cailloux, des bosses. Je suis le cadre blanc de la piste cyclable qui file devant loin. Arrêt. trottoirs entrecoupés de route avec sa belle ligne blanche au milieu en pointillé. Des poteaux de ville artificielle comme des playmobils. Je suis sur le dévers droit de la route poussé vers le long du trottoir et je tiens en équilibre sur ce bout de route grillant un feu d’un rouge plein. Là à gauche, tout droit, à droite, je change d’axes, croise des lignes blanches et jaunes au sol, domine tout cet espace horizontal et vertical. Trottoir avec trous, plis, plis trous, fentes, graviers, passage d’ombres épaisses à canicule sur la tête de courte durée puis fentes, points, cercles de lumières sous les platanes. A un endroit qui tourne plein de bosses et de plis comme une pâte à tarte en cours d’étalement et figée comme ça. ça fait danser sur une ligne droite rigidement tenue. …Sous les grands arbres, je veux oublier le sol, regarde vers le haut ces belles feuilles pas à ma portée; la route est large, elle se fait oublier avec tout ce paysage. On la retrouve plus loin avec tous ces trous, ces trouées, ces plis comme si elle avait été mal faite, bâclée et on retrouve la petite piste droite qui file loin devant…Respect pour la route plus belle et mieux faite des grandes voitures. On s’arrête pour les laisser passer comme si on était admiratif… puis on est encadré dans un couloir étroit inconfortable et ni la vue du fleuve, ni la vu des maisons colorées de la colline ne nous permettent de nous en évader. Débouché sur un tunnel (autre sensation de cadrage, de limites) juste après: demi cylindre volumineux qui semble en mouvement et nous emporter avec lui; ça fuse. Le sol glisse et nous glissons avec lui. Dans ce même tunnel se répétant inlassablement: plaque d’égoût, vélo blanc peint sur la piste mais dont on sent la densité quand on roule dessus.