Vous ne vous en êtes pas rendu compte, mais vous venez de franchir une frontière. Oui, vous lecteur. Vous avez pris les risques que l’on prend quand on franchit une frontière. Le risque d’être refusé, le risque d’être perdu, le risque de ne pas comprendre une langue étrangère, le risque d’être déclassé. Chacun de nous est un pays. Un pays d’accueil, une prison, un pays envahisseur, un allié, un ennemi. On fabrique le monde à notre image, on se protège avec des frontières, des barrières, des limites. La ligne blanche, ne la franchissez pas à la légère, ne dépassez pas les limites. Nos stades, nos gymnases, nos piscines, nos arènes, nos circuits, nos routes, nos aéroports sont couverts de lignes délimitant l’espace autorisé. Nos cahiers, nos livres, nos écrans définissent des espaces et des marges. Les haies, les murs, les clôtures, quadrillent nos villes et villages. Notre territoire est limité, c’est grâce à ces limites que nous nous sentons en sécurité. L’espace, c’est l’inconnu, l’aventure, le danger.
Il faut s’obliger à voyager, voyage immobile ou voyage du corps. Il faut découvrir, accepter l’inconnu, risquer, oser. Un monde sans frontière, ce serait un monde sans homme. Personne ne connaîtra ce monde.
Oh, c’est superbe ! Et très bien vu ce couteau à double tranchant qui est notre monde jonché de frontières et de limites. Merci, Laurent !
Beau constat. On ne compte plus les délimitations dans nos vies. Quelquefois, on peut y toucher et les faire varier un peu. C’est là ce qu’on peut appeler marge de manœuvre, voire liberté.
Merci Laurent pour ton texte qui fait réfléchir !
En suivant, j’imagine une plongée dans le fantastique de ce monde sans homme et sans frontière. Une bien belle étincelle. Merci Laurent (le mot étincelle n’est peut-être pas très bien choisi en ce moment…)