Je n’imaginais pas que c’était là que tu t’arrêterais, je ne m’attendais pas à ce que tu ne souhaites plus continuer et que tu reste là, tendu et fermé. Adieu, silencieuse je poursuis, j’avance le cœur lourd avec cette impression douloureuse de franchir une frontière dangereuse, celle d’un retour impossible.
J’habite à Belleville, c’est un fait, au métro Belleville, c’est une précision, quand je pense à mon quartier je le considère entre l’avenue Parmentier et la rue des Pyrénées c’est partial, après tout la rue de Belleville monte jusqu’à la porte des Lilas mais pour moi au delà de ces deux rues, les magasins, la population, le rythme, le flux sur les trottoirs, les bruits entendus, ça change, c’est une subjectivité, oui ma frontière intérieure.
Est-ce une frontière ce moment précis où le téléphone sonne, tu décroches, la police t’annonce l’accident de moto dont a été victime ton mari ? Percuté de plein fouet par une camionnette, votre mari est tombé, la voiture qui le suivait l’a écrasé, il n’est pas mort mais dans le coma, son pronostic vital est en danger. Sont-ce une frontière ces cris que tu as hurlés ? Sont-ce une frontière tes pleurs comme un geyser. Il est 17h les enfants joyeux rentrent de l’école, maman, maman, c’est fini, fini, fini, c’est les vacances, maman, maman, où sont les muffins et la surprise promise, maman, maman, où es-tu ? Est ce une frontière ta bouche qui s’ouvre et plus un son? Est ce une frontière tes mains qui s’appuient sur le lit et plus un mouvement, paralysée?
Ce que j’aime dans nos représentations hors les murs (du théâtre), en proximité avec le public, dans le même éclairage, presque le même espace, c’est ce moment magique après le prologue et la première scène où la concentration s’est installée, et qu’en toute sécurité, en toute confiance,
enveloppés par la langue un peu désuète d’Ella Maillart, les imaginaires communiquent, le rêve devient réalité, ensemble nous franchissons la frontière de la fiction.
Et j’ai aimé partager cette dernière frontière avec toi Cécile dans ce joli et chaud après-midi parisien où nous avons franchi ensemble les frontières de la réalité et la fiction. Pareille à notre rencontre de l’écriture au réel, et au milieu de tout cela, le théâtre et de la verdure au milieu des murs. Bise
n’aurai pas pensé à ces frontières. Merci de les avoir évoquées.
Je suis très impressionnée et émue Cécile
Larmes frontières entre deux chocs , recevoir l’extrême tragédie, puis refaire surface devant l’enfant, rouvrir les rideaux de théâtre, et recevoir l’extrême délivrance, la joie de l’enfant, la façon dont vous le racontez.
Vive l’enfance et vive le théâtre
J’aimerais beaucoup jouer avec vous… un jour peut-être…