#40jours #37 | Basile refuse 

Non, Basile se refuse à aller en pèlerinage.
Il ne se recueillera pas, il ne rendra pas hommage, il ne vénérera pas.

Il y a des lieux où il ne peut plus aller. Il les évite. Et pourtant…
Il y a été heureux, mais trop malheureux maintenant que ce bonheur-là n’existe plus.

Basile ne fera plus la route vers Saint-Tropez, le port, les terrasses, le phare au bout de la jetée. Trop peur d’y croiser son fantôme.

Basile ne traversera plus la forêt de Brocéliande, les arbres y ont été foudroyés. L’arbre d’or est-il toujours là ? L’arbre au pied duquel, il se souvient, il lui avait demandé de l’épouser. Il entend encore sa non-réponse.

Basile ne retournera pas sur la Meuse, à la recherche de cette écluse dont il ne se souvient pas le nom. Pourtant il l’a su. Là-bas, plus personne pour l’accueillir. Tous sont partis. Il ne lui reste plus que le souvenir des barquettes trois-chatons et des pigeons sur la place Ducale. Il ne prendra pas le train en direction de Givet, ne retournera pas à Monthermé, n’ira pas jusqu’à Charleroi, ne mettra pas ses pas dans ceux du poète aux semelles de vent, ne longera pas la Rivière de Cassis.

Il n’ira pas boire un thé sur la place Wenceslas. Haut comme trois pommes, il avait assisté à la parade militaire, avait admiré les dorures refaites à neuf, avait mangé des bergamotes et bu un chocolat chaud malgré la chaleur de ce 14-juillet. Ceux qui l’entouraient, celui qui l’avait hissé sur ses épaules pour qu’il voie mieux, plus personne n’est de ce monde.

Non, Basile n’ira pas en pèlerinage.

France, Morbihan (56), forêt de Brocéliande, Tréhorenteuc, sculpture L'Arbre d'Or de l'artiste François Davin dans le Val sans retour - 

A propos de Danielle Masson

L'Ouest de la France quitté depuis plus de 20 ans ... déjà ... pour la Provence Suivre les traces du bon Roi René écrire, faire écrire, partager les mots essayer mais parfois dur, dur !!! joyeuse, enthousiaste à vous lire y apprends tellement

5 commentaires à propos de “#40jours #37 | Basile refuse ”

  1. Du sens aussi du non pèlerinage.
    Tristesse qui se révèle derrière ça et qui me donne aussi le sens à trouver au pèlerinage.
    Merci

  2. C’est une excellente idée, d’aborder ainsi le pèlerinage secret, enfoui au fond de soi, réfugié, non réconcilié avec soi, oblitéré pour vivre dans le présent, et rétabli finalement ici pour mieux l’accepter
    Belle errance Danielle, de la douce nostalgie également…

  3. J’aime beaucoup le contrepied à la proposition. A la fois léger et nostagique. On retrouve Basile avec grand plaisir toujours.

  4. Ah, je le ressens physiquement, ce Basile du refus… Je perçois sa posture, un peu figée peut-être ? Un Basile statue ? Une statue qui pourrait devenir alors destination de pèlerins ? Imaginons là un clin d’œil…