Ca sent le bitume chaud le goudron cuit la poussière de chantier qu’on emmène chez soi quand on se déplace à pied ou à vélo. On salue les ouvriers au passage et ça donne du cœur à l’ouvrage un peu d’humanité dans tout ce vacarme et cette chaleur et cette lutte avec la matière car quand on y pense quel métier en plein cagnard…. L’été la ville se vide alors c’est là que les travaux les grands chantiers battent leur plein. On accélère la transformation. Les façades disparaissent sous les échafaudages. On reconstruit un autre bloc de la prison. En plus grand parait-il. On transforme les friches en parking en espaces commerciaux immeubles de bureaux open space qu’on voudra climatiser. Près de la grande médiathèque, un bout de ville saignée éventrée avec en son milieu une maison en ruine dont ne reste plus que les pans de mur et dont on devine qu’elle était belle et humaine. Le calcaire blanc dans le soleil de midi abime les yeux et la poussière fait des tourbillons maculant les engins de chantier jaune à l’arrêt. Près de la gare, la sablière ne chôme pas. Les engins grimpent sur des monticules de gravier à en perdre l’équilibre. Les bétonnières tournent et on a le vertige. C’est l’été et ça bitume à tout crin goudronne asphalte cimente cuit canicule.
Beau texte de saison, Émilie !
Merci beaucoup !