une stratégie de la tension, des lendemains qui chantent, des jours de pluie, par dévoilements successifs, des chants échevelés, des chausse-trappes, des rendez-vous manqués, des situations embarrassantes, des zones d’ombre et de lumière, des courants d’air, des rues où se perdre sans fin, des feux rouges, des passages piétons, des ronds-points, des panneaux stop, des radars, des caméras de surveillance, des lampadaires, des vitrines, des échangeurs, des glissières de sécurité, des quartiers en perpétuels changements, des maisons fantômes, des chantiers à ciel ouvert, des immeubles toujours plus hauts, des terrains vagues pleins de poussière et d’histoires louches, des palissades sans arrêt détournées de leur usage premier, sur les murs aveugles des bâtiments des affiches lacérées comme autant de poèmes, des arbres alignés au cordeau pour laisser leurs fentes de timidité dialoguer en vain, des trous dans les routes, des nids de poule, des dos d’ânes pour ralentir la vitesse des voitures, des correspondances sans écho, des potelets au bord des trottoirs pour empêcher les voitures de se garer sauvagement et d’empêcher la libre circulation des passants, des abribus qui ne nous abritent pas du tout du soleil, des pistes cyclables au bord des routes et des trottoirs, des traces d’habitudes disparues, des raccourcis plus longs que des détours, des vestiges de manière presque archéologique, des trottoirs, des maisons, des immeubles, des voitures, des poteaux de signalisation, des affiches publicitaires, des lieux d’attente, des raccords entre différents plans, des signaux sonores, des jardins sans ombre, des mouvements de foule, des départs au pied levé, des attrape-nigauds, des chassés-croisés, des solitudes exacerbées par l’individualisme forcené, notre relation au monde, des minutes de silence recouvertes par le bruit des voitures, des signes de ponctuation, des routes soulevées par les racines des arbres, des lignes électriques qui s’entremêlent avec leurs branches, des phares dans la nuit, des conteneurs à verre qui quand on les vide font un bruit de tonnerre et de fin du monde, des boîtes aux lettres, avec des mauvaises nouvelles au courrier du jour, des trous noirs à métaphores, des samedis endimanchés, des silences pesants, une dynamique de mobilisation, des fenêtres ouvertes sur des appartements vides, des horizons déviés, des reflets endiablés, des retenus d’eau, un centre vide, qui nous renvoie constamment vers les bords, une présence qui vise d’abord à l’effacement, des distance plus courtes à vol d’oiseau qu’en voiture, un mélange de peur et d’envie, un monde en métamorphose qui m’avale.
Belle énumération qui fait suite à la phrase de Kafka.
Métamorphose rapide qu’illustre ton texte rapide.
Merci Philippe !
Merci Philippe, en lisant la phrase de Kafka c’est en effet l’énumération et son accumulation qui me sont venues en premier, une fois le fil trouvé je n’ai fait que tirer sur la pelote.