Hier encore on posait sur le bitume une nouvelle couche, un nouveau sol, dans le sol des racines, sur les racines des troncs, autour des racines des lombrics, des mangeurs de feuille, on ajuste sur les branches une série de feuilles qui tombent en rythme au bas des troncs à une vitesse savamment calculée, ni trop lentement, ni trop vite, adaptée aux capacités d’ingestion des mangeurs de feuilles. Des oiseaux, récemment ont été posés sur les branches les plus hautes. Chaque soir, il incombe à la communauté de veiller à ce que chaque responsable de rue remonte convenablement son oiseau. Les quartiers silencieux peu civiques sont très vite repérés. Les oiseaux sont confisqués. En l’absence d’oiseau, un joueur d’orgue de barbarie est missionné en vue de faire respecter un même niveau sonore dans l’ensemble de la cité. La trame verte et la trame bleue ont été savamment tissés et par commodité peintes en vert et en bleu. L’eau du fleuve est désormais d’un bleu éclatant. Les feuilles sont vertes en toute saison. De nouveaux dispositifs visent à assurer la pleine lisibilité du tissu urbain pour les esprits binaires, lents, et limités. La vitesse de circulation a été significativement ralentie en vue d’éviter toute forme d’accident. Le vélo, la trottinette, les voitures, le passant sont invités à régler leur pas sur celui des phasmes que l’on voit régulièrement circuler dans nos rues. La police montée parade sur ces lentes et nobles montures ayant depuis longtemps remplacé les chevaux.
Tout a l’air d’être parfaitement réglé.
Ça ferait même un peu peur !
Merci Marion pour ce texte au carré !
Bah c’est mignon des phasmes montés non ? A mon sens la 34 est beaucoup plus inquiétante. Merci de ton passage !
Rétroliens : #40jours #40 | L’impression très joyeuse de la connaître / pour un art poétique narcissique – Tiers Livre | les 40 jours