Laisser. Îlots de Belleville. À l’abandon. Des troupeaux. De rues. Anciennes. De passages. Historiques des gueux. De passerelles. Entre. Les maisons. D’enjambements. De faufilades. Dans. Le grouillement. Du bâti. Ouvrier. Artisanal. Pauvre. Voyous. Voyelles. Laisser. Décrépitude. Gagner. Constructions. Plâtre. Pierres. Récupérées. Rebuts du Paris d’Haussmann. Peu solide. Parfois brique. Rare. Matériaux de fortune. Traverser. Le tissu. Membranes. Invisibles. Pas de voisins. Des groupes. Des grappes. Des îlots. Désamarrés. Des escaliers. Des plans inclinés. Des tunnels. Entre les immeubles. Des accolades de maisons. Tourelles. Laisser. S’abîmer. Se creuser. S’effondrer. Sur lui-même. Le construit. Des années. Des dizaines. D’années. D’affaissement. Insalubre. Vermine. Animaux. Habitants. Dents creuses. Toits crevés. Infiltrations. De misère. De renoncement. Propriétaires. Abandonner. Proférer. Impossible. Reconstruire. Petites lumières. Tremblotantes. Tissu. Se froisser. En plis. Pâteux. Échanger. Tout de même. Continuer. Accueillir. Immigrants. Continuellement. Rapetasser. Réparer. Rebâtir. Jusqu’à. Ne plus pouvoir le faire. S’exiler. Fuir. Les moins pauvres. Banlieue. Les ouvriers. Les immigrés. Relogés HLM. Les indigents. Crever sur place. Laisser. Gravats. Grilles. Ployées. Armatures bois. Saillantes. Tas informes. Implosés. Peu à peu. Envahis. Les herbes folles. Des talus. Des sureaux. Zones. Végétation. Spontanée. Encercler. Encadrements. De fortune. Friches. Urbaines. Forêts de frênes. Amoncellements. Pierres. Plâtras humides. Dégagés. Au fil du temps. Reste. Le nu. La trace. Des chemins. D’anciennes voies. Rue Vilin. Passage Julien-Lacroix. Les terrains. Vagues. Palissades. Tôles. Poteaux. Puis béton. Plaques. Poteaux. Longtemps. Décennies. Quelques immeubles. En bordure. Menaçant ruine. Non ravalés. Pelure. Râpés. Noirs abris. Penchés. Çà et là. Bâtiment. Fabrique. Petite usine. Vide. Restée. Au milieu. Du vide. Boue. Ornières. Herbe. Pelée. Rase. Terrains d’aventure. Enfants. Jeunes adultes. Squats. Musique. Trafics. Récupération. Lieux de fêtes. De quartier. Tout autour. De notre ville. Continuellement. Bâtir. Cités. Relogement. Tours et barres. Sur les ruines. Ne plus laisser. Dents creuses. Raser. Et reconstruire. En grand. Logement. Social. Demeurer. Les immenses terrains vagues. Pentus. Reposant. Sur un sol. De carrières. Inconstructibles. Les laisser. Longtemps. Même. Les palissades. Démolies. Bombées. Trouées. Par endroits. Devenir-parking. Des terrains. Épaves. Posées là. Pourrissantes. Désossées. Tracés des vieilles rues. Pavés. Déboîtés. Sinuosités. Insalubres. Des années après. Commencer. Réaménager. Bas-Belleville. Rue Julien-Lacroix. Cité de Gènes. Secteur Bisson – Pali-Kao. Immeubles. Neufs. Vendus sur plans. Dans notre ville. On bâtit. Continuellement. Squares. Petits arbres. Fontaines. Plan d’urbanisme. Virés. Les ouvriers. Virés. Les squatteurs. Virés. Les improductifs. Finir de raser. Reprendre de zéro. Table rase. Un grand parc. Sur la pente. Inconstructible. Suivre. Approximativement. Les rues. Du passé. Suivre. Courbes de niveau. Engins de chantier. Remodeler. Tailler. Organiser. Remuer. Dégager. Bâtir. Des allées. Des grottes. Bétonner. Jeux d’enfants. Fontaine. Monumentale. Ligne. Plus grande pente. Durer. Presque un an. Continuellement. Construire. Un Belvédère. Contempler Paris. Planter. Essences. Jeunes arbres. Vivaces. Tonnelles. Escaliers. Bassin. Amphithéâtre. Cascade. Perdre. Complètement. Authenticité. Quartier. Le plus pauvre. Tout. Déjà mort. Discontinuellement rebâti. Finalement. Mais. Le jour de l’ouverture. Tout le peuple des cités était là.
Ton texte dit si bien là où l’on vit, à quoi ressemble et ressemblera l’est parisien. Je remarque aussi combien, de texte en texte, tes phrases deviennent de simples mots isolés et combien je les trouve justes, précis et « visuels ».
Merci beaucoup Xavier ! Bientôt, il n’y aura plus que les vieux qui se souviendront de la vieille histoire d’un des quartiers les plus pauvres et les plus accueillants de tout Paris.
Merci encore pour ton retour !
là où la reconstruction semble impossible. Alors détruire…
quel challenge que de tenir le coup dans ton style choisi, ces mots isolés qui résonnent les uns après les autres et qui nous donnent ce qu’il faut pour voir, en tout cas à moi qui ne connais pas
chapeau Fil !
Un très grand merci à toi Françoise !
Je suis content que mes mots juxtaposés puissent avoir suffisamment de puissance d’évocation !
Les mots qui dessinent un chemin entre constructions et démolitions. Et cette dernière phrase « Tout le peuple des cités était là », émouvante. Merci Fil.
Merci mille fois pour ton retour, Clarence !
Admire votre virtuosité qui s’affirme au fil de vos textes. Quelle chance noous avons de vous lire. Merci
Un très très grand merci à vous Danielle pour avoir lu autant de mes écrits et pour votre enthousiasme, et pour votre grande bienveillance à mon égard !
Sincèrement vôtre !