A Villeurbanne, sentiment que chaque espace vide est exploité jusqu’au bout de l’espace disponible. Les terrains vagues, carrés d’herbes qui restent sont bordés de panneaux avec des plans architecturaux d’immeubles ou photos de maquettes des futurs ensembles. Toujours des ensembles, on ne construit pas de simple immeuble encore moins de maison. Cubes plus ou moins élargis dans l’idée d’avoir une case pour chacun. Une case à soi. Le labyrinthe géométrique de la ville se complexifie davantage. Géométrie rectiligne ou courbe harmonieuse du centre des centres. Géométries anarchiques des villes périphériques fabriqués par petits bouts pour combler les trous. Espace sans ordre négligé. Et densifié de plus en plus en largeur longueur et hauteur. Le centre historique de Lyon vieux Lyon et presqu’ile conserve une harmonie spatiale dont on ne touche pas la structure. On creuse des trous sous les routes pour installer des lignes, on repasse des couches sur les façades. Plus récemment, on écarte les routes pour laisser place aux vélos ou plus ambitieux on élargit les trottoirs. Au centre, en périphérie, partout, il s’agit d’écarter la ville l’écarteler même dans une frénésie ininterrompue: des échafaudages partout des paysages de grue, des routes creusées entourées de barrières. Partout les ouvriers de la rue. Succession de grands projets urbains perpétuels sous pression: il faut caser les voitures, les entrepôts, les grands magasins ou alignements de boutiques, les voies de tramway, les parcs, les parkings, les bretelles, les tunnels. L’imagination d’un espace de vie a du mal à trouver sa voie.
A chaque individu de se débrouiller au milieu de cette frénésie pour trouver son coin de logement, son magasin, son coin de travail. A chacun de négocier pour trouver un semblant d’harmonie dans sa vie en fonction de ses moyens, de sa propre vitesse, de la vitalité de son désir à coupler à la bâtisse froide et à l’énergie disponible. La ville oppresse. Mieux vaut y vivre en petit de nos jours.
atmosphère étouffante ! des envies de trouver quelque part dans le tissu de la ville, des interstices, fleurs sauvages, anfractuosités et autres trouées…
Merci de cette lecture Marion
Ville à la fois par trop réelle, quasiment futuriste, mais dont la frénésie orientale est exclue, l’invivante ville occidentale, écrasée de temples à marchands, à bureautique, à fièvres flamandes, on y croit à cette oppression, votre texte est fort vraiment et me fait songer à la démarche artistique de Babette Grossman…
Merci vivement Emmanuel pour cette vision si juste, et si riche en évocations (presque une peinture !!)
Merci beaucoup pour ce retour. Je ne connais pas Babette Grossman: je vais regarder