Maintenant que tu es parti, que tu as repris suffisamment confiance en toi pour le faire vraiment, ce voyage, tu regardes avec condescendance, presque en rougissant, tes inquiétudes et tes effrois d’hôpital. Tu avais peur de la douleur, une peur-panique, tu la voyais partout, dans ces calmants qui ne feraient plus d’effet, dans la poche de perfusion qui serait bientôt vide, dans les infirmières occupées ailleurs et qui ne pourraient pas venir te voir quand tu appellerais, dans le moindre mouvement à faire, dans la prise du téléphone qu’il allait falloir rebrancher pour le charger, dans cet oreiller qui glissait et qu’il allait falloir remonter, dans la couverture que tu avais repoussée dans la journée et qu’il faudrait rattraper pour ne pas avoir froid la nuit, dans cette jambe engourdie qui te demandais de changer de position, jusque dans ta vessie qui voulait que tu la vides. Tu avais peur de la douleur, cette inconnue que tu rencontrais tout entière pour la première fois. Maintenant tu fais le fanfaron, une main sur le volant, le moignon confortablement posé sur l’accoudoir, fenêtre ouverte, musique qui bouge, mais si tu la rencontrais à nouveau, la douleur, même si tu n’oses pas le reconnaitre, tu sais bien que tu les retrouverais à nouveau, tes inquiétudes et tes effrois d’hôpital.
Merci Juliette pour ce texte simple et émouvant qui nous emmène dans cette chambre d’hôpital et ses frayeurs que l’on imagine si bien. Bon dimanche.
Vaincre ses peurs. Difficile mais quelle joie quand enfin on y parvient. Merci