Inquiétude :
À cet instant un jardinier coupera les iris. À cet instant la mère éteindra la radio. À cet instant le soleil se calera au zénith. À cet instant un enfant cessera de pleurer. À cet instant l’ombre s’enfuira. À cet instant la neige remplira l’écran. À cet instant tes paroles resteront suspendues. À cet instant le repas de midi brûlera dans le four. À cet instant il décrochera le téléphone. À cet instant elle appellera le chien. À cet instant il n’y aura plus de cris. À cet instant le cuisinier soufflera sur les braises. À cet instant le frère perdra son sourire. À cet instant la sœur lèvera les yeux du livre. À cet instant les plombs sauteront. À cet instant les chats cesseront de miauler et les insectes de crisser dans la campagne sèche. À cet instant le prêtre montera au clocher. À cet instant l’enfant donnera une pomme au cochon. À cet instant le chef de gare sifflera le départ. À cet instant la lune du soir apparaîtra. À cet instant le postier fermera son guichet. À cet instant les amants régleront la note d’hôtel. À cet instant les guêpes s’enivreront de raisins verts. À cet instant elle décrochera le portrait de Tito. À cet instant il tirera la chasse. À cet instant les filles plongeront dans la rivière. À cet instant les miliciens brandiront leurs armes et chanteront à l’entrée du village.
« Soleil Cou Coupé »
Effroi.
Bravo pour ce rythme envoûtant mené par la répétition de l’incipit. J’aime comme les scènes se complètent et se répondent.
C’est drôle, en commençant à lire ton texte j’ai immédiatement pensé à Brigitte Fontaine… mais de loin, comme ça…
Et puis je vois la chanson, en bas…
Merci beaucoup Xavier pour cette citation que j’adore !
oh oui oui… merci Xavier
rythme qui annonce à craindre, qui annonce le pire, qui annonce tous ces instants à venir qui seront encore hors liberté
Merci, Xavier, de nous amener si près de l’événement qu’on se met à la place ceux qui l’ont vécu !
On se demande où va nous mener cet instant « décisif », la menace étant présente dès les premiers instants. La tension monte , se faufilant au de travers de « petites » choses quotidiennes. j’ai beaucoup aimé.
Beaucoup aimé cette manière de dire, de propulser cet instant avec toutes les inquiétudes dont il se revêt.
Merci Xavier.
Message parti trop vite. Merci pour ce texte et la chanson de Brigitte Fontaine.