Le quatrième étage ne porte plus les traînées de suie au-dessus des deux fenêtres de gauche. Nous étions au restaurant dans la rue d’à côté. Nous avons entendu les sirènes des pompiers et puis de l’ambulance. Inquiétude. Nous avons lu les journaux. Effroi. Les versions divergeaient. La maman s’est-elle vraiment jetée dans le vide avec son nouveau-né pour échapper à l’incendie ?
Un coup de couteau en plein jour sortie du métro la fille il en voulait dit-on à son portable c’était dira son frère une fille engagée une fille forte. Effroi.
Des ados rackettés dans le passage peu passant, façon chemin creux, à la sortie du lycée. Inquiétude. Manifestation des parents inquiets devant le commissariat. Des papas disent ça ne peut plus durer si ça dure on fera une milice. Effroi.
L’Ocean Viking demande un port où aborder pour débarquer ses passagers. Droit maritime à la dérive. Humanité en train de se noyer. Effroi.
Costard cravate et dignité, sur l’estrade de la salle de conférences. Il raconte les tendons coupés, la testicule arrachée. Effroi. Il ne peut plus faire de karaté. Ni comme champion ni comme entraîneur. Il n’a plus de ressources. Inquiétude. Il n’a pas voulu mentir ni renier. Immense estime. Venu de Nouakchott à Marseille pour témoigner et se faire soigner au centre Osiris. Gratitude.
Les versets de l’effroi. Ça prend pour ne pas lâcher !
Un grand merci Laure pour cette lecture belle et tragique !
.Des faits. Ta frontalité. Laure l’effroi qui saisit en te lisant. Merci
Glaçant. Très prenant à lire! Merci Laure