Défilements de couleurs, mélanges liquides, phosphorescences, magenta, cyan, avec ça et là quelques ocres éclaircis de blanc laiteux, coulures, projections, spirales s’accélérant, se rapprochant ou s’écartant les unes des autres, reflets, ombres, gigantisme de la nuit en dedans, au dessus, légèrement bleutée , ralentissement, pause, rougeoiements intermittents, parade des néons, des enseignes, feux de signalisation. Silhouettes massées sur les trottoirs. Ombres inouïes projetées contre les rectangles de béton, avalées ça et là par des baies vitrées. lueur, écran d’un portable qu’on approche d’une oreille.pas de bruit pas de son…déflagration sourde découverte de la ville, tympans encore bouchés par la différence de pression. Tunnels, éclaircie tunnels, rocades se ruant sur d’autres, entremêlements d’acier de béton. Tout ça sans un bruit comme dans film muet au ralenti…Chaleur moite. Odeurs de transpiration, de merde , de sperme et de cyprine rehaussée d’ail et d’oignon, valse incessante des vespas, filles aux cheveux longs assises à califourchon sur le siège arrière, nues têtes, éclairages des profils incidences des phares sur la matité des peaux des cuisses, et puis assise en face une femme ressemblance obligée avec Sophia Loren, une minuscule goutte de sueur coule sur sa carotide pour disparaître pudique dans l’échancrure d’une robe légère en nylon, du nylon avec des motifs discrets à fleurs. Quelqu’un a allumé une cigarette, la lueur de la flamme du briquet qu’il bat d’un coup de pouce expert, illumine un instant son visage, un homme entre deux âges, Marcelo peut-être, sans doute un ouvrier qui rentre de sa journée de travail, au delà des vitres le ciel est plus vaste, ponctué ça et là de pulsations étranges satellites ou étoiles, en bas des lueurs des foyers, petits immeubles et pavillons de banlieue, avec un peu plus loin mais il faut plisser les yeux pour bien voir le Vésuve et ses fines fumerolles se découpant comme un voile gris bleu sur le gris de Payne de la nuit qui s’étend sur la baie d’Amalfi, encore quelques parfums d’orange, de talc Azura, on s’assoupît.
Très rock… rock psychédélique,
Melting-pot, pot-pourri, palette de peintre, tous les sens à l’affût et à l’encan, Marcelo lymphatique personnage qui a endormi sa colère Vésuve dans la chaleur sèche de l’été. Lascive compagne prête à se rendormir. La consigne est respectée, ça ne raconte rien de compromettant, le film sensuel est dedans, pas besoin de réveiller les Minotaures. Le gris de Payne est une couleur trop oubliée, son nom déjà…
oui c’est bien ce que je cherchais, tout mouvant, et se libérer des assignations du réel, merci
Oui, en plein de la consigne ! Super bien réussi !
superbe circulation à la fois visuelle et sensuelle, picturale en fait (bien sûr !)
tu tiens parfaitement le fil, tu ne nous lâches pas…
j’ai adoré…
ville « dripping » olfactive pulsative. Merci!