on avait pris la route vieille, on avançait dans la nuit muette — la chaleur frôlait les buissons — on ne devinait rien du ciel, tout baignait dans une même obscurité — on ne voyait pas les ravins sur les bords mais il y avait quand même le vertige — on ne voyait pas les arbres déracinés ni les rivières — on avait l’impression de forcer la nuit de la soulever comme on soulève un poids mort — la route découvrait ses courbes — les herbes s’arrachaient à la nuit — l’amorce d’un monde — mais on fixait seulement la ligne — on ne sortait pas de la route — la nuit dressait ses murs silencieux, se resserrait autour, à peine retenue par les phares — on enchainait calmement les virages — c’était comme un rêve très lent — dans la nuit épaisse l’odeur du vent faisait remonter des souvenirs — on s’attendait à voir surgir des bêtes sauvages, elles traverseraient l’asphalte leurs pupilles dilatées dans les phares — ou des oiseaux — ou des visages immenses — on finirait par entendre des voix
C’est très beau.
merci Nathalie, un peu radicale la vidéo sans son, mais on avait dit muet 😉
Lent et inexorable travelling, duquel n’est pas absente l’intranquillité.
Merci Caroline !
oui on pourrait même dire que l’effroi se profile, merci
Vu la vidéo d’abord, puis lu le texte après. C’est tellement ça, apréhension, suspens, mille dangers qui guettent ! ( me rappelle un voyage en Sicile dans des conditions semblables ). Merci, Caroline !
Corse et Sicile sont cousines, c’est pour ça ! Merci Helena
Très beau montage.
Je pense à Lost Highway le debut du film.
Une tension, des mots pour la nuit et ses espaces redéfinis, indéfinis. errance délicieuse et en même temps inquiétante. merci de ce partage.