Le sommet d’une colline la nuit, vue fixe, longues secondes qui défilent sur les lumières d’une ville au creux d’une baie, à l’horizon la mer. Derrière ce qu’on devine être le pare-brise d’une voiture, le regard d’un conducteur ou d’une conductrice, homme ou femme, accompagné ou pas, on ignore ; il suit la route, lente descente dans une obscurité presque totale, aucun éclairage si ce n’est celui des phares qui balaient la route, sur les côtés, on ne voit rien, ou presque, des ombres verticales noires de différentes intensités convergent vers le centre du regard, elles suivent les lacets de la route, découpent un ciel gris aux subtiles nuances de violet et de rose, on traverse d’une forêt ; lorsqu’une voiture arrive dans la direction opposée l’habitacle s’illumine et on ne sait où part le regard, une seconde ou deux il s’évanouit dans l’éblouissement puis se réajuste et poursuit sa descente. Surgissent des talus herbeux, la ville est encore loin, la route serpente, ils sont piquetés de taches sombres, on distingue des fleurs à profusion, on voit à peine la mer, une fine ligne plus sombre souligne l’horizon ; les lumières de la ville scintillent parmi les fleurs que le vent taquine sans cesse, les phares les éclairent, des lupins essentiellement, la voiture accélère et ce qui n’était à la base que points roses, violets et blancs se transforme en faisceaux fluorescents de part et d’autre du regard, tunnel lumineux en plongée vers la ville, les lumières se précisent à nouveau à mesure que la voiture ralentit et circule entre des maisons peu éclairées, çà et là quelques fenêtres illuminées au profond de la nuit, elle semble savoir où elle va, droit vers la mer, apparaissent des bateaux de pêche et quelques bateaux de plaisance, de l’autre côté de la baie, des montagnes, deux hommes attendent sur le quai. Déjà la ville est dernière nous. Le regard va de gauche à droite, de droite à gauche, on dirait qu’il cherche un point de fuite, mais il n’y en a pas.
L’importance du regard, la caméra embarquée, merci.
Merci Laurent 🙂 La caméra embarquée et qui m’a embarquée en même temps…
Belle idée partir du regard, de qui vers qui… Merci, Catherine.
Merci Anne 🙂