noir et blanc sombre | plan fixe pas de mouvement la porte d’entrée d’un appartement dans un immeuble lumière jaune | même plan une main filmée en pov shot tient une clé qui entre dans la serrure et qui tourne | plan fixe porte d’ascenseur à double battants coulissants la porte s’ouvre | plan fixe intérieur d’ascenseur la main appuie sur RdC lumière jaune | Extérieur lent travelling avant il fait nuit
La nuit est hostile, il n’y a aucun mouvement. Les feuilles des arbres sont immobiles. Dans la lumière blanche des lampadaires publics des halos laissent deviner une pluie fine. Le chemin dallé entre les immeubles de la cité brille. L’espace est vide. Aucune pensée en approche, aucune vie. L’air est lourd de mort. Il remonte le col de son manteau.
l’avant des chaussures en cuir apparaît en bas de l’écran | chaussure droite apparaît disparaît chaussure gauche apparaît disparaît chaussure droite | les dalles du sol sont composées d’un agglomérat de petits cailloux ronds | chaussure gauche chaussure droite | au centre d’une flaque la lumière d’un réverbère blanchit l’écran | chaussure gauche marche dans la flaque tout devient flou | chaussure droite chaussure gauche
Le chemin en dalles serpente entre le bosquets de cyprès jaunes et les poubelles. Il s’arrête devant une route sur laquelle est peint un passage piéton. Il descend du trottoir. Il traverse la route. Il remonte la marche d’un trottoir et s’engage sur un nouveau chemin en dalles composées de petits cailloux ronds.
noir et blanc toujours la lumière devient plus vive | lent travelling avant en pov shot toujours | ombres en mouvement | son ombre | les lumières des lampadaires et des enseignes lumineuses de la petite zone commerciale l’enveloppent d’ombres qui se déplacent autour de lui | il se dirige vers une source lumineuse
Lorsqu’il entre dans la boulangerie, il fronce les yeux sous le coup de l’agression lumineuse. Il pointe son menton et zygomatise un sourire forcé. Il pose la pièce sur la surface vitrée du comptoir. La pièce tourne sur elle-même. Il se saisit du sachet en papier et ressort. Il finit de traverser la petite zone commerciale.
la nuit toujours | les sources de lumières deviennent plus nombreuses | une route avec des phares de voiture qui zèbrent l’obscurité | des silhouettes sombres | des silhouettes d’hommes et de femmes marchent | ils convergent vers un point commun | il converge lui aussi vers ce point commun | certaines silhouettes se rejoignent et marchent ensemble
À l’entrée de la gare, les panneaux publicitaires lumineux éclairent l’armée de silhouettes qui marchent ensemble. Sur le quai, l’armée de zombies en mouvement rejoint une autre armée de zombies à l’arrêt qui grossit lentement. Temps suspendu, le quai se noircit sous l’effet de l’infection virale. Un train entre en gare.
dos de manteaux noirs d’imperméables noirs parapluies noirs sacs noirs porte-documents noirs | un chapeau gris | le liquide noir se répand dans les voitures du train et le quai redevient blanc | première voiture premier siège dans le sens de la marche côté fenêtre | le train se met en mouvement | il mange son croissant | derrière la vitre de la fenêtre le jour s’apprête à se lever | l’horizon laisse apparaître des reflets orangés | le soleil bâille
Les zombies arrivent dans la ville, le train, le noir et le blanc, lumières, poésies, j’aime ton texte, merci Jean Luc.
Merci Clarence.
Merci Jean-Luc pour ton texte. Plan après plan je suis entré dans le film.
(je me demande si Pov shot c’est bien caméra sujective?)
Oui. En fait, tu as raison, c’est plutôt de la caméra subjective, qui est le pov (point of view) d’un personnage. Le pov, ce peut être depuis un objet, un animal, un endroit précis. Merci pour ta lecture.
chouette ta construction, alternance d’un paragraphe indications caméra et d’un paragraphe récit
c’est extra
présence forte des sols, des pieds… on suit la trace… et à la fin on a le goût du croissant dans la bouche !
Je pioche dans ce qu’on a fait ces derniers jours. Sensation de richesse. Merci Françoise.
Un vrai film d’horreur ! Le noir et blanc charbonneux, les plans mystérieux, les fausses pistes, le suspense… tout y est ! Jusqu’au défilé des hordes de zombies du petit matin blême !
Un grand merci pour ton texte qui m’a fait beaucoup sourire !!
Merci Fil. Les zombies débarquent. Je dois faire attention à ce qu’ils ne m’envahissent pas.
‘l’air est lourd de mort » Les zombies la nuit qui aspirent vie. Merci pour le texte emballant.
Merci. Les 40 jours passent et les nuits s’imposent lentement à moi. Curieux.
On est vraiment dans la foule et on avance! Zombie parmi les autres…
Merci Solange. Au petit matin, nous sommes beaucoup de zombies. Moi, j’en suis. Merci pour ton passage.