Voyage au bout de soi-même. C’est à ce voyage qu’invite la ville, celui auquel tu ne peux échapper quand tu habites la ville, celui que te dicte la ville jour après jour, celui que tu as entamé dès ta naissance si tu es né dans la ville, tu avances, tu progresses, sans relâche tu cherches ce que te dit la ville de toi, c’est celui qui te donne le fil rouge de ce qui te relies à la ville, que tu déroules tout au long du voyage, celui qui te donne du fil à retordre, car le ville, elle, ne se donne pas, ce voyage tu le fais jour et nuit, même dans tes rêves, c’est celui que tu fais aussi dans d’autres villes que la tienne, celui où la ville te dit qui tu es.
Pourquoi aller ailleurs puisque tout est ici ? Tout est ici, dans la ville, tu le crois, la ville possède tout, elle te dit tout, te donne tout, te prend tout, pourquoi irais-tu voir ailleurs ? Penses-tu peut-être que la ville est un horizon fermé, un huis clos où parfois tu étouffes ?
Quel est ton rituel. Le matin, ton rituel c’est de regarder par la fenêtre, regarder que tout soit là, bien en place comme la veille, regarder le ciel, les nuages où des fois tu te perds, regarder l’horizon en te disant que non il n’est pas fermé, que tu vas où tu veux quand tu veux, la ville n’est pas une prison, souvent tu te dis que tu iras habiter à la campagne, la nature tu en as besoin, le gris, le noir, l’acier, le béton, le verre, heureusement il y a les reflets du ciel dans les immeubles de verre, et pourtant tu restes là, dans la ville.
Faune sauvage dans la jungle d’asphalte. Dans une ville comme la tienne, la faune sauvage se réduit à une espèce : le renard roux. Un soir tu descends du tram, il est là, à deux pas de toi, il se balade dans la rue, ta ville pour lui et ses congénères c’est synonyme de nourriture facile, pas besoin de se fatiguer, il n’y a qu’à éventrer les sacs qu’on pose dans la rue la veille du passage des camions poubelles, les petits immeubles de deux ou trois étages et maisons individuelles n’ayant pas l’obligation de mettre leurs sacs poubelles dans des conteneurs en dur. Pour lui ce n’est pas une jungle, c’est un paradis.
La beauté qui habite la ville. Je l’ai rencontrée. On se parle souvent, on est voisines, je la côtoie tous les jours, on se promène ensemble, parfois elle joue à cache-cache, elle aime s’amuser, me faire courir après elle, me donner rendez-vous en face d’un hôtel de maître, derrière une porte cochère, sur le quai d’une gare, elle adore contempler son reflet dans les vitres des immeubles de verre et ce qu’elle aime par dessus tout, c’est d’être photographiée et collectionner les likes sur Instagram.
Belle ode à la ville qui me reste un peu mystérieuse car je ne crois pas en avoir la même expérience. Merci
Merci Emmanuel 🙂
Un tu universel qui pourrait le mien, le notre puis des paragraphes plus personnels, la rencontre du renard, la vision se rapproche. Merci pour cette lecture.