Choisis ta propre aventure en papier mâché avec parfois des trucs vrais à l’intérieur. Des morceaux d’illusion de choix, des itinéraires et des tracés, choisis le guide qui guide pour toi les pas tout mâchés. D’autres sont passés avant toi, là, sur la page dix fois rafraichi ou sur l’asphalte blanchi. Partir pour oublier les autres. L’autre et sa honte sans limite qui ne s’arrête pas. Faire le choix de le laisser aller jusqu’au bout, bride lâchée, frein inutilisable, jusqu’à encastrement raisonnable.
Dis-nous ce que tu cherches et nous le trouverons pour toi. On sait tous que le GPS se perd parfois. Il ne comprend pas ou on ne le comprend pas. Voiture alors que tu piétonne, détour indéterminés pour éviter rue à contre sens finalement prise, apparition, disparition de rue, disparition du symbole rond et bleu sur l’écran, disparition du tracé, multiplication du tracé, option choix multiples interchangeable, attention l’itinéraire que vous avez choisi comporte des péages, itinéraire +1min, recalcule l’itinéraire, même nom de rue dans un autre pays, rue arpentée dans les deux sens, rue aperçue trop tard, recalcule l’itinéraire, vacances perdues sur l’écran, tracé qui avance en même temps que toi, vacances trop attendues, faites demi-tour dès que possible. L’attente est terminée.
Dans votre nuit renversée. Il se peut que je vous ai déjà croisé. Déjà à moitié de côté, prise par les vents et le vide, déjà à moitié éclatée pourtant debout pas encore rassasiée. Il se peut que je sois resté un peu de côté, en looser déguisé. Déjà trop croisée, votre blond tiré, lustré, suant, parfumé. Déjà trop connu, trop bu trop bu, et qui bois, bois, qui a bu boira. Qui s’est levée titubante, titubant le corps agrippé à rien, aux autres, autant dire à rien, à une phrase dite trop fort pour enjoyer, qui retombe en silence fracassé, en morceau de petits pavés. Déjà croisé votre regard lavé et du noir plein les narines retroussées, le faux appétit qui vous amène à vous balancer au cou de tous, des petits, des palmés. Déjà croisée, déjà connue, déjà goutée, la peau de sel abimée, si lisse en papier glacée, avant d’être déballée, lisse et belle, surface de supermarché. Déjà croisé, les plis de l’oubli au coin des yeux ravagés du matin sans café, sans culotte, sans papiers. Des questions qu’on assomme au coin de la prochaine rue, pour la prochaine nuit renversée, la nuit des brutes.
Le bureau est en toi. Avec ses coins de questions aiguisées et mal positionnées, qui font comme une miette qui pique au cœur quand tu respires. Avant c’était ça, aujourd’hui on dit hyperventilation. Hyperventilation saisonnière, qui revient comme les fleurs éphémères attendues tous les débuts de saison. Saison de bureau imbécile. Belle saison où fleurissent les journées qui s’enfuient, se succèdent les monstres mères, la fabrique des garçons voués à disparaitre. Un à un. Balle perdue. Fuir est la seule solution.
Géométrie et angoisse. Arbres et pluie, dissolution de l’aventure. La forêt sans fin et ses fougères. Un bruit encore. Courir, refaire la journée à l’envers repartir en bateau sur la mer, remonter, remonter l’heure, être de nouveau en haut de la tour de béton et de verre, en être à peine là, dans le lit sec et doux, en être à la minute où, il est beaucoup trop tôt mais on ouvre les yeux pour partir. Se rendormir et oublier. Les bêtes sont parmi nous.