#40jours #03 | PMF ou trois collèges

Pierre Mendes France est un homme militant, un homme d’Etat, un homme que je ne connais pas, un homme résistant, un homme marié deux fois, un homme avocat, un homme athée, un homme élu député en 1932, un homme père aussi, un homme qui dit « l’Algérie, c’est la France, et non un pays étranger ».

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Jacou est le nom d’une ville. Là-bas le ciel fuit vers l’horizon et s’engouffre par-delà le collège, par-delà le lotissement neuf qui entoure le collège. Maisons blanches sur deux niveaux ou briques de plain-pied, toitures plates ou à quatre pans alignements parfaits pour qui aime les choses en ordre. Jardins séparés de palissades sombres imitent le bois mais n’en sont pas et devant, un ralentisseur freine les ambitions. Les poubelles sont alignées en bordures la jaune est large la grise tire la langue d’un sac poubelle en trop plein un homme devant soulève une plaque d’égout ses baskets sont bleues. Saint-Andrée est le nom d’une ville. Un rond-point organise la circulation autour du collège surplombé au loin de collines qui s’offrent aux regards des élèves qui osent encore rêver. La pelouse et les arbres ont tout de l’humain, tondue, soignés leurs pieds immobiles sont positionnés précisément un marquage blanc au sol les cerne ils ne peuvent s’échapper chacun dans une case. De briques oranges de ciment blanc est fait le bâtiment. Son nom est écrit en grand. Ici tout semble vide. Val de Reuil est le nom d’une ville. Le collège marque comme une fin, une limite. Plus loin c’est l’ailleurs celui de la gare et de ses destinations. Le ciel est toujours bleu au-dessus. Ses murs sont blancs. Ses toits sont plats. Il est de cubes surperposés on passe en dessous à côté ou contre on peut le rejoindre par la route en bas ou par les voies piétonnes en haut. Le grillage est vert tout autour la pelouse est grillée devant les lignes jaunes (disparaissent) se réservent aux cars (disparus) la cours est plantée d’arbres. Tout est définitivement vide ici.

Codicille: j'aurai aimé m'attarder sur les prisons mais les prisons n'ont pas de nom. Elles n'ont de nom que celui de la ville qui les accueille. Les noms La santé, Bonne nouvelle, ne seraient donc que des surnoms.

A propos de Rebecca Armstrong

J'aime la voix alors j'ai fait de la radio (associative), je produis des podcasts et mon métier c'est de faire lien avec ma voix. J'ai écrit, vraiment pour la première fois, récemment. Un manuscrit instinctif est né: des flashs d'un temps passé disons. Il s'appelle "1.2.3". Je souhaite désormais explorer l'écrire avec la profondeur que je sens ici, avec tout l'enthousiasme de la novice. (Et au fait, j'aime les tatouages, les apéros, les lecture à voix haute, mon potager minuscule, courir le matin et lire)

3 commentaires à propos de “#40jours #03 | PMF ou trois collèges”

  1. toujours aussi émerveillée de lire les textes ici ou ailleurs. belle trouvaille… »est le nom d’une ville. »

  2. Bonjour Rebecca,
    j’aime beaucoup l’enchaînement, et le constat de l’uniformité au delà des noms de ville, le diable est dans les détails, (bonne canicule)(ici elle arrive de Madrid dit-on) (jamais responsable de rien, comme à l’habitude)

  3. il y a une plaque sur un immeuble (au 75) de la rue de Turbigo (dans le 1 le 2 et le 3) (la plaque est dans le 3) qui indique que ce type-là a vécu là et a été président du conseil des ministres de juin 54 à février 55 (la 4ème république) – je ne sais plus exactement où j’ai lu les torrents d’injures qui lui ont été déversés dessus à l’occasion de la défaite française de Dien Bien Phu (si je me souviens, dans « Une sortie honorable » d’Éric Vuillard, chez Actes sud) (un livre intéressant)