Une salle de réunion en sous-sol, elle passe devant tous les jours, parfois deux fois par jour et elle ne peut s’empêcher de regarder à l’intérieur ; quelques personnes autour de la table ovale avec leur portable; parfois la salle est remplie, quelqu’un debout, télécommande à la main, donne des explications liées au PowerPoint qui défile sur l’écran rétractable ; certains l’écoutent religieusement, prennent des notes, d’autres pianotent sur leur portable, d’autre sur leur téléphone ; les murs sont constitués de cloisons grises modulables, la table est composée de plusieurs parties disposées les unes contre les autres, grises elles aussi, linoléum gris, tout est gris, seul élément coloré les chaises, qui sont couvertes de tissu bleu. Dans un coin une fontaine d’eau, une table avec un téléphone et un pc, éclairage au néon ; d’autres jours la salle est vide, éteinte, d’autant plus grise. Depuis son bureau, situé en surplomb d’une cour intérieure, elle distingue ce qui se passe dans certains bureaux lui faisant face, c’est-à-dire pas grand chose, du moins rien de dynamique ; dans l’un deux, un homme est vissé à sa chaise, scotché à son écran, elle ne peut cependant pas voir s’il dort ou s’il travaille, elle ne voit pas non plus si ces doigts bougent et virevoltent sur le clavier ; c’est trop petit et c’est gris aussi ; dans un autre bureau, une femme, même attitude, même position ; un autre encore est vide et un autre encore. A certains moments de la journée et en fonction sans doute de la position de sa position, le soleil se fait complice de l’intimité ne laissant paraître à celui ou celle qui scrute que des reflets transformant les vitres en miroirs. Et puis il y a lui, non loin de là, dans la chambre au-dessus de la sienne, assis à la table en formica face à la large fenêtre, il écrit son article sur son portable quand son attention est attirée par du mouvement au même étage de l’immeuble d’en face, un immeuble de bureaux, une conversation véhémente entre deux hommes, ils semblent s’invectiver, l’un se penche sur l’autre et semble crier, ce dernier tend la main derrière et cherche à agripper, comme dans une tentative de se défendre, un objet, des ciseaux, un coupe-papier, un presse papier ?
Vous m’avez laissée sur ma faim
Oh, merci. Ca fait plaisir 🙂 Il est question de cette conversation véhémente dans mon #chantier.
Bonjour Catherine. Comment écrire l’ennui du travail de bureau et soudain faire apparaître le mouvement et le suspens. Merci pour le voyage.
Merci Isabelle. J’avoue un petit détour par la fiction sur la fin…