Acheter vendre ou pas
Exercice qui met le doigt sur une zone sensible, donc réponse à chaud sans réfléchir, sans essayer de polir d'être poli, ça part d'une zone bizarre en tous cas, une zone où les mots semblent être réduits à leur expression minimum, proche quand je vois ça, j'entends d'un "analphabétisme" personnel si l'on veut. code rédigé après coup.
Transaction: contrat où chacun renonce à une partie de ses prétentions.
Qu’est-ce qui se passe quand je n’ai pas et que je veux avoir, qu’est-ce qui se passe entre le désir et l’objet. Qu’est-ce qui se passe entre moi et mon désir puis l’achat ou pas de tel ou tel objet… c’est quoi moi, le désir, acheter, ne pas acheter, l’objet.
L’achat est-il une réponse satisfaisante … ne pas acheter est-ce une défaite, une victoire…
Et si il y a ces mots défaite et victoire il ne s’agit pas d’autre chose que d’un combat, peut-être une guerre
C’est pareil pour peindre un tableau c’est quoi le désir de peindre un tableau, de passer à l’acte d’effectuer une transaction avec le désir et moi de peindre un tableau en particulier…
Comment chacune de ses parties renonce t’elle à ses prétentions
Et je ne parle jamais de vendre ensuite ce tableau. Ce tableau qui est le résultat finalement d’une longue suite de transactions, de négociations déjà entre le désir de voir le tableau terminé et moi-même.
et d’avoir ensuite à y renoncer, de le voir partir de chez soi chez un autre contre une somme d’argent ou pas.
J’ai offert des tableaux, dans mes débuts à des proches. Au début j’éprouvais ou du moins je mettais tout en place pour me dire que je devais éprouver de la satisfaction. L’idée d’offrir un présent, un cadeau… je crois que je ne me rendais pas compte.
Offrir quelque chose, un tableau, n’est pas un acte anodin, n’est pas gentil, n’est pas généreux. Pas tant qu’on puisse l’imaginer quand on le fait, au moment où on le fait.
On est ignorant de ce qu’est le don vraiment. Tout don entraine une rétribution, donner c’est déséquilibrer le monde, pour le remettre d’aplomb il faut un retour de don.
L’argent aujourd’hui sert à ça. Y a t’il que l’argent ? Non mais c’est si pratique. On n’a pas besoin de connaître l’autre pour obtenir un don de sa part. On donne de l’argent et ainsi tout le monde semble apaisé… mais le monde lui est-il apaisé ? On a oublié le monde avec l’argent voilà ce qui ne fonctionne pas vraiment.
Si je propose un tableau à la vente n’importe qui, une un inconnu peut l’emporter moyennant de l’argent, ça ne va pas, ça va au début bien sûr on est tellement content en premier lieu… une satisfaction d’ignorant ou d’inconscient. Mais en second lieu quand on revient chez soi qu’on regarde l’emplacement vide du tableau il se passe quoi ?
On soupèse le pour et le contre encore on remet en route le mécanisme de la transaction. Est-ce que ça valait vraiment cette somme ? Est-ce ce que si j’avais mis un peu plus cher cela aurait été mieux ? Moins cher ? Est-ce que je n’ai pas un peu escroqué l’autre? Voyez l’argent ce que ça produit on oublie vite le vide on le remplit avec toutes ces questions à la con. On oublie le monde bancal désormais.
Les gens ont l’intuition parfois que l’argent ne suffit pas.
Une fois j’ai offert un tableau pour me détacher de quelque chose, ce n’était pas par dépit ni pour faire plaisir en offrant pour rien, je ne suis pas nigaud à ce point. J’ai offert un tableau pour me détacher d’un mécanisme de vente achat, j’ai consciemment mis le monde sans dessus dessous.
Que s’est-il passé, j’ai reçu une contrepartie formidable, des livres de poésie… la personne n’était pas dupe du tout elle a remis de l’ordre dans le monde que j’avais fait chanceler. N’est-ce pas une action à considérer autrement qu’une simple transaction ?
C’est agir directement sur les plus secrètes forces de l’univers voilà ce que c’est il ne faudrait pas en douter ou prendre ça à la légère.
Quand deux personnes agissent ainsi quel lien fabriquent t’elles l’une vis à vis de l’autre ? Est-ce de l’amitié ? Est-ce de l’harmonie ? Est ce une relation fraternelle ou commerciale tout de même , Je ne sais pas quel mot poser sur ce lien mais je sais que c’est quelque chose qui dépasse les mots. Deux personnes agissent ainsi sans oublier la présence de l’essentiel qui est le monde dans lequel on vit.
Acheter pas acheter… relation entre nous et les objets quelqu’ils soient , les objets sont ils des objets … ne sont ils que ça ?
Quelque part au fond de nous je crois qu’on sait tout cela, on sait quand on agit mal on n’a pas besoin de lois de règles de contrat… mais l’argent nous aveugle c’est souvent une facilité une paresse.
Naïf … oui bien sûr naïf, enfantin tout ce qu’on voudra…mais pas la naïveté première certainement pas. La naïveté dernière celle en accord avec un monde blessé à mort d’être autant oublié, un monde chancelant sous l’ignorance provoquée par la paresse fabriquée de toutes pièces par un système grossier.
Merci pour votre texte et toutes ces questions qui font écho en moi. Bravo.
Merci de partager ta vision de la vente ou du don, d’une oeuvre.