Une rampe d’accès handicapé ou pour valise à roulettes, de l’autre coté quelques marches, un surplomb, des piliers qui soutiennent le premier étage, une cour en arrière-plan avec des moteurs, de vieilles tentures ou draps installées de façon à cacher, quoi on ne sait pas, quelques herbes folles qui tentent de gagner du terrain, voilà pour le décor. Revenons sur le devant de la scène, quelques sièges, variés, en fin de vie, changeant souvent, tabouret très peu, chaises plastique, fer, bois avec cannage fatigué, fauteuils à la peau râpée, éventrés, voilà pour les meubles du décor qui sont soit sur le surplomb, soit par forte chaleur au début du passage. Sur la meilleure assise trouvée, notre héros, anonyme guetteur remplaçable à l’infini, pourront venir un instant des collègues, partager une cigarette, agrémentée la plupart du temps, apporter de quoi boire et se restaurer, échanger les derniers résultats de foot, faire un check. Notre personnage principal n’a pas de texte à dire mais il doit être là toute la journée, ne jamais quitter son poste, les yeux de mouche captant tout ce qui se passe, donner l’alerte si descente de flicaille ou autre danger notable. Il a vu la voiture avant, pendant, après, il sait toute l’histoire mais ne dira rien. Il sait que cette voiture n’aurait pas dû se garer sur cette place, il y a des personnes qu’il ne sert à rien de provoquer. Il sait qu’à la nuit tombante, avec des jerrycans, le clac du briquet zippo, à l’ancienne. Il sait la rage du propriétaire, impuissant devant les restes calcinés. Il sait le temps que la carcasse est restée pour servir de mise en garde. Il sait qu’il ne faut pas se garer là, encore moins maintenant. Mais il connait aussi très bien son rôle, être assis sur ce promontoire, aux aguets, ne rien dire.
Le guetteur, témoin réduit au silence.
Merci Véronique pour ce portrait et pour cette histoire !
Je lis ton texte après les questions (prop. 27) ! J’en apprends donc davantage comme un puzzle. Le feu des questions prend une dimension toute nouvelle face à ce guetteur silencieux. On imagine bien commencer par les questions et d’autres textes qui les éclairent y répondent comme celui-ci.