La première chose que fit Danielle quand on lui remît les clés l’appartement de la rue du Dôme, fut d’arracher les papiers peints. Ils étaient recouverts d’un film gras jaunâtre de nicotine et de poussières mêlées. Le précédent propriétaire, gros fumeur de pipe, n’avait jamais repeint son appartement. À cause son tabagisme frénétique, personne ne venait plus lui rendre visite et s’il s’en désolait, il n’avait pas pour autant cesser de fumer. Danielle s’attaqua au papier avec une certaine gourmandise. Dépouiller les murs de leur peau morte et jaunie prodiguait la joie brutale de l’éradication. Mais l’affaire se présentât mal. Le papier qui devait dater des années 50 avait formé avec le plâtre une sous-couche épaisse impossible à décoller. Le derme partait en lambeaux minces et effilochés comme des cuticules agaçantes. Il fallait une décolleuse à vapeur. Elle en parla à la gardienne de l’immeuble qui lui recommanda le fils d’une amie qui cherchait des petits boulots : c’était un jeune looké Nike des claquettes de plastique, à à la capuche du sweater. Wesh, il avait un pote qui avait une machine à décoller. No soucy ; il demanda 200 EUR pour le taf. Danielle accepta son offre sans discuter et lui donna rendez-vous le surlendemain. Mais il ne vint jamais. Il fut arrêté le lendemain avec 5,1 kilos de résine et d’herbe de cannabis planqués dans des emballages « Haribo ».
