#40jours #25 | la méthode Erickson

Mathilde ne connaît pas Milton Erickson  ni sa méthode basée sur la conversation avec ses patients victimes de traumatismes. Si elle les connaissait elle ne tenterait pas d’amoindrir la sensation de panique qui s’empare de Louis, 7 ans qui le pousse à hurler désormais chaque nuit.

Elle même ne dort plus depuis plusieurs jours, depuis l’événement qui a eut lieu  en bas dans la rue devant ses fenêtres.

Bien sur on lui a proposé des rendez-vous réguliers pour accompagner Louis à l’hôpital, afin qu’il puisse en parler mais elle venait de décrocher cette mission d’intérim à l’autre bout de la ville. Il faut mettre les bouchées doubles les premiers jours, passer la période d’essai, afin d’espérer au pire un renouvellement du contrat si la boîte à besoin ou au mieux un cdi.

Sa mère ne comprends pas pourquoi elle s’obstine à vouloir continuer d’habiter intra-muros, avec ces loyers complètements indécents je ne te comprends pas , tu pourrais trouver bien mieux et pour moins cher à Champigny-sur-Marne par exemple ou évidemment elle habite. Surtout que tu vois la ville devient de moins en moins sûre…

Mathilde regarde par la fenêtre tout à été nettoyé, on a placé des bâches sur la façade.on pourrait penser que l’établissement est juste en travaux.

Des années plus tard Louis tapera sur un moteur de recherche le nom du restaurant, il a eut un mal de chien à se souvenir de ce nom qui ressemble à d’autres  noms du même quartier et aussi pour lui dans les meandres de sa memoireà une célèbre marque de champagne. 

Pour en avoir le cœur net il a utilisé Google Earth il est revenu sur les lieux, et bien sûr il a éprouvé une sensation étrange en redécouvrant la façade. 

Curieux de trouver d’autres images il a essayé plusieurs mots clefs différents comme attentat, bombe, François Mitterand, associés au nom de l’établissement en question. 

Mais non rien, rien du tout, et le fait de ne plus rien trouver, aucune trace de cet événement le faisait douter  désormais d’y avoir assisté lui même une journée où il s’était retrouvé seul dans cet appartement.

A propos de Patrick B.

https://ledibbouk.net ( en chantier perpétuel)

11 commentaires à propos de “#40jours #25 | la méthode Erickson”

  1. Comment survivre au traumatisme? C’est un sujet qui me touche beaucoup. Merci pour ce texte !

  2. Lorsqu’on veut tenter de dissocier le malheur de la vie ordinaire, le cerveau a des recours insoupçonnés. Mathilde est un personnage que je connais bien et qui n’a jamais eu recours à l’hypnose pour digérer les traumatismes de l’enfance. L’anonymat et la culture de l’indifférence d’autrui sont bien plus efficaces.Il suffit d’aller au bout d’une rue ou d’un rêve et d’apprendre à parler aux morts, les vivants ont d’autres choses à faire. Merci de m’avoir « donné » ( peut-être sans le vouloir) l’occasion de reparler d’elle. Relire ou lire les poèmes de Claude ESTEBAN pour bien positionner le curseur de l’écriture, ce qui est fantastique c’est la résilience , pas l’illusion stroboscopique, le grand mixage robotique des destins,il me semble que vous l’avez bien compris.

  3. Oui Martine, Mathilde…oui je connais l’enfance politique Emmanuelle je n’y avais pas pensé en écrivant d’ailleurs je ne peux pas vraiment dire que je pense à quoique ce soit quand j’écris, je laisse les mots s’écrire tous seuls.

    Comme une émanation qui me dépasse

    Mais bon je pense beaucoup avant et après 😉 merci pour ton retour

  4. Plus de trace. Sinon dans les têtes des témoins.
    Beau récit, qui parle bien de la douleur et de l’oubli.
    Merci Patrick !

  5. Le curseur c’est le stylo alias clavier ! Il doit trouver sa place… Je n’ai personnellement rien contre ERIKSON, Mathilde est un personnage et je l’explore comme vous. La fiction est une forme d’hypnose. Bonne journée Patrick B. !