Toujours le même chemin pour rejoindre le centre-ville, d’abord prendre à gauche, tiens ça commence en début de rue aujourd’hui, ordinairement jamais aussi haut, une voiture brulée encore en place, correctement garée, qui va la retirer, est-ce à la charge du propriétaire sous peine d’amende si… ou la fourrière avec les frais toujours à la charge de… sa structure est déformée, torturée par la chaleur, rien ne dit si c’est volontaire, peut être garée là en urgence quand les flammes dépassaient du capot, pas d’article dans le journal, plus bas dans l’angle d’un croisement, les restes d’un container à poubelles, heureusement vide quand le feu a fait fondre le plastique noir, envahissant l’air d’une puanteur toxique, laissant sur le sol le cadre avec ses quatre roues, des formes nées de la fonte, sculptures de la cité, le feu est volontaire, tous le savent, jamais dit explicitement, pas d’article dans le journal, peu après une place de parking maintenant toujours vide comme par superstition, avant des voitures différentes, puis une carcasse restée longtemps, enfin retirée, laisse des traces de goudron boursoufflé avec bouts de verre mêlés, paysage lunaire sur la terre, derrière le comptoir on parlait d’une punition, on ne sait pas de quoi, on ne cherche pas à savoir de quoi, la place toujours vide désormais comme pour ne pas oublier, toujours pas d’article dans le journal.
On espere que la voiture n’avait pas d’homme à son bord. La description me parle beaucoup. Je vois parfaitement ces voitures abandons traces d’abandons de lieux et d’une jeunesse qui s’enfonce depuis si longtemps les voitures brulent.
Oui ces sculptures de la cité, vibrant témoignage d’abandon, négation de l’objet car vivants relégués au dépérissement de la beauté, alors la colère prend place, territoire du sensible
laissé en friche. Ce que vous dites sur les places vacantes, mémoire superstition, tellement vrai et marquant. Merci Véronique !!