Le train est encore à l’arrêt. Les passagers dispersées le long du quai montent dans les voitures. À sept heures du matin, il s’agit, pour la grande majorité d’entre eux, d’habitués.
Voiture de tête, le train quitte lentement la gare. Une dame aux cheveux noirs et un grand homme mince sont assis face à face au centre de la voiture. Deux rangées derrière l’homme, un adolescent est assis recroquevillé sur lui-même, la capuche tirée sur le haut de son visage. De l’autre coté, dans le sens de la marche, premier siège à gauche (dans le sens du train) près de la fenêtre, un homme avec un porte-documents. Devant lui, une vieille dame est assise et tient son cabas sur ses genoux. Tandis que le train prend de la vitesse, tout le monde sort son téléphone portable. De son sac, de sa poche, de son porte-documents.
À l’intérieur de la voiture, sont disposés des sièges en bois occupés par quelques cow-boys et autres passagers. Derrière les fenêtres, les plaines de l’ouest américain disparaissent derrière le panache de fumée de la locomotive. Des poules en liberté circulent entre les rangs.
Un banc de poissons rouges géants parcourent la voiture au dessus des fauteuils. Ils disparaissent derrière une affiche publicitaire vantant le tourisme en Martinique. Plages de sable fin, hôtels de luxe. Une femme aux formes généreuses et à la peau cuivrée est étendue sur un transat et sirote un cocktail avec une paille. Un homme nage seul dans la piscine, son dos est musclé.
Dans la voiture, un jeune homme avec une capuche sur la tête surgit de son siège. Il porte une épée à sa ceinture et sur sa tunique est brodée la croix des Templiers. Debout, il regarde autour de lui, semble hésiter. Il court dans une direction, s’arrête, fait demi-tour, court dans la direction opposée. Il s’approche d’une fenêtre et saute du train. Il rejoint à cheval le château-fort qui se dessine à l’horizon.
Une belle dame regarde la scène par la fenêtre. Elle fume à l’aide d’un long porte-cigarettes. Elle porte une longue robe blanche, un foulard bleu et vaporeux entoure sa taille. Femme foulard 100% soie grande écharpe châle ultra-léger respirant élégant 17,90 euros lavage à la main seulement livraison gratuite en point retrait selon éligibilité des articles.
Un élégant homme en queue de pie apparaît dans l’encadrement d’une porte. Une jeune femme en maillot de bain semble chercher du regard quelqu’un ou quelque chose. Un chevalier en armure portant son casque sous le bras referme la porte derrière lui après avoir regarder l’intérieur de l’église. Un cow-boy sort son pistolet et vérifie son chargeur.
Bonjour messieurs dames. Vos billets s’il-vous-plaît.
Le contrôleur remonte l’allée centrale et vérifie les billets des passagers.
D’un seul coup… pan ! nous sommes dans les flux…
Ça marche du tonnerre !
Merci JLuc, ça fait presque comme un film.
cet empilement de données, obsessionnel, fantasmatique… cette superposition des mondes
tu donnes à voir tout cela et c’est assez délirant
merci pour ce texte visionnaire…
Le récit d’aujourd’hui n’est plus polyphonique, il est polyvisuel et ça marche très bien !