#40jours #24 | pigeons d’avenir

PAS TOUCHE ! Bas les pattes ! Mathilde-version_Privée ! Joue-avec-ta vie… plus les noms sont hargneux, les menaces cinglantes, plus le code est facile à craquer. Avec les littéraires, on peut s’attendre à une démonstration de la magnificence de leur intellect, pour Princesse, on aura RUBANS avec le code postal de la ville de Nemours, pour Bergotte, Binje suivi de l’année de publication de La prisonnière… On n’est jamais déçu. Ça ne prendrait pas forcément plus de temps qu’on mots croisés force 5, mais allons au plus simple : un petit tour dans le quartier sans se frotter contre les barbelés des propriétésprivées et autres chien-méchant, personne ne te salue, mais ça se serre copieusement la main à chaque connexion d’un truc ou d’un machin — la plus humble bicoque déborde de matos, I.A partout jugeote nulle part et si ça ne suffisait pas avec les smartphones, ils y sont jusqu’au grille-pain — et routeur ma poule, tu récupères les paquets nécessaires. Pigé ? Je te montre. Tu mémorises avec Ad Herennium. C’est toi qui l’as apporté, sers t’en de ce truc. Moi, depuis, je ne note plus rien. Comme ça je n’aurais pas de papier à avaler quand on me tombera dessus. Rien que la capsule de cyanure. Si on ne peut plus plaisanter y va pas vous rester beaucoup d’monde…Refais la manip’… Dis donc, c’est pas gagné ta vie de clandé si tu rougis à chaque fois que tu passes au rouge. Tu ne vas pas leur tirer leurs économies, encore qu’on ne sait jamais, ni leur sucer le sang, même si c’est sûr, vu ce que tu pompes, ça va circuler nettement moins bien leur petit traintrain. Ouaip … c’est du gâteau. Souviens-toi de ça ! Et aussi : pas besoin d’avoir un napperon sur son PC pour avoir une sécurité de maison de poupée. Bon angle, longue vue, ni vu ni connu, tu chopes le post-it avec le numéro, sur le frigo, voire sur l’écran, j’te jure, on voit de ces trucs avec le bon téléob . Sinon, quoi ? Les pigeons voyageurs avec leur petites bagues ? Elle en parle ?… Si tu veux, je ne suis pas sourd, je les ai écoutées ses minicassettes, mais franchement, tu ne crois pas que tu extrapoles dur ? Non, ne la repasse pas, c’est bon, on n’a pas que ça à… « Au-delà d’étiques antennes à qui, hier encore, on pouvait demander la lune en gros plan, mais dont la vanité rabattue sert à présent de perchoir aux corbeaux plus malins que les plus diaboliques faiseurs d’images fausses, au-delà des cheminées qui entretiennent un commerce obstiné de fumée avec l’air froid, prétendant vendre des nuages au ciel comme d’autres du sable au désert, en dessous pourtant des calligraphies blanches des longs courriers, c’est à dire exactement entre les deux, vont leur train, volant tout leur saoul, de minces coursiers d’un gris si clair qu’il les confond avec l’horizon du petit matin, fiancés à leur mission d’une bague discrète où s’insère, fine comme l’air, la feuille qui enserre le message. C’est ce rouleau infime qui les a mis en marche, qui les a mis en vol, Golems duveteux à l’œil rond, anodins jusqu’à disparaitre dans le paysage citadin, cette toile peinte d’illusions d’optique. Et on s’étonne, trop occupés à regarder les pieds, les devantures, la hauteur d’homme, on s’étonne au mieux des ruches sur les toits installées, mais pas des pigeonniers. Pas des pigeonniers… ». C’est bon…Franchement… Je ne dis pas qu’il n’y en aura pas. Des pigeons. Y’a de tout : les Russes sont repassés au papier depuis plus de quinze ans. Y’a de tout maintenant dans ce biz, plus rien ne me surprend : je suis mort en Syrie, je te rappelle. Mais le pigeon c’est le passé ou l’avenir, toi tu te tires dans le présent, alors s’il te plaît, craque-moi ça sans faire d’histoire, surf sur la bande passante et donne-nous des nouvelles, qu’on s’organise.