Même dans le tunnel, on avait la sensation de la vitesse, le bruit de la machine sur les rails et l’obscurité qui était interrompue par des lumières blanches revenant à intervalles réguliers, comme des flashs. Puis, l’ombre s’était faiblement éclairée. Petit à petit, la lumière gagnait et dissipait le mystère dans lequel les passagers étaient plongés. C’était un mouvement infime mais évident, on s’approchait de la sortie. Et tout à coup, sans crier gare, il faisait jour. On longeait une autoroute, les camions et voitures filaient en sens inverse, des panneaux de signalisation haut dans le ciel indiquaient des villes inconnues. Au premier plan, un mur grisâtre et des barbelés altéraient la vision. Des pilonnes tendus de câbles défigurant les champs, le ciel. Des serres au vitres transparentes laissaient échapper des touches de vert. Parfois, nous croisions un autre train et c’était comme si on avait posé le pied sur un tube de gouaches, le jaune et le bleu jaillissaient, s’échappaient et coulaient le long des vitres. La couleur finissait par se distiller et disparaître. Le mur gris bordait la voie ferrée, parfois, il était interrompu par des plantes rebelles qui parvenaient à pousser les racines dans le béton, les feuilles dans les gaz d’échappement ; parfois les ombres y traçaient des figures géométriques. Des lignes d’ombres parallèles qui portaient peut-être un message dans le silence et l’indifférence du ciment. Un bâtiment surgissait, un tas de sable abandonné, des lampadaires, longues tiges blanches et parallèles dessinant de grands traits vers le ciel. Un parking, des édifices en préfabriqué, de la tôle, du béton et du ciment ; une grue suspendue, la fumée de plusieurs cheminées industrielles, au loin. Des cylindres, des containers, des bâtiments au toits pointus et oranges, d’autres gris et plats. Les formes et les matières se superposaient, s’accumulaient, maisons, parking, édifices, le vert finissait par disparaitre pour laisser la place aux gris et aux beiges. L’organique faisait la place aux rugueux et granuleux. On entrait dans la ville.
Beau trajet sur la voie !
Merci Irène !
Merci Fil, j’essaye de remonter le retard, course contre la montre! quel rythme intense!!
Un beau parcours fait dans vos pas. Merci