Novembre 2021 tu emménages dans cette résidence où tu peux regarder sans être vue derrière les fenêtres teintées d’une loggia ou t’accouder à la rambarde.
Quotidiennement. En te penchant, juste en bas le parking avec son va et vient de voitures qui tournent toujours dans le même sens s’enroulant dans l’escargot qui contourne les immeubles, le long des garages fermés qui abritent rarement des voitures, tu y vois des motos, des bicyclettes, un modeste atelier de réfection de meubles et fauteuils, toutes les choses dont on ne se sert pas mais qu’on ne donne pas ou qu’on ne jette pas parce qu’on ne sait jamais, des étagères le long des murs remplies de caisses en plastique débordant d’article que tu n’identifies pas, un stock de pot de peinture pour un artisan, plus loin, même en te pliant sur la rambarde, tu ne peux rien voir.
Au-delà des garages, un autre bloc d’immeubles, qui forme une cité principalement occupée par des gitans. Des agrandissements sauvages qui mordent le trottoir pour se faire une courette. Un triangle recouvert d’herbe mitée avec une remorque de marché que l’on ouvre sur le coté pour servir ce que l’on souhaite vendre.
L’été, le soir. Quand la nuit s’installe, l’auvent de la remorque s’ouvre et offre une restauration rapide. Attenant deux tables mises bout à bout et une collection de chaises ou fauteuils dépareillés. Surtout des hommes, ils parlent, jouent de la guitare, chantent.
A la petite semaine. Le pourtour du triangle se remplit peu à peu de voitures accidentées ou en fin de vie ce qui attire des personnes à la recherche de pièces. Ces épaves peuvent y laisser une porte, des roues ou tout autre chose
Une fois par mois environ. Un camion avec une grosse benne va se trouver une place entre les épaves et les voitures en stationnement et va saisir de son bras articulé qui finit comme une grosse araignée carnivore ces épaves, les placer dans sa benne et les écraser avec les pattes de l’araignée repliées qui font penser alors à un énorme poing fermé.
Tous les jours sans pluie. Les mômes de la cité, friands de tous ces cycles à deux, trois ou quatre roues font des tours et des tours, sillonnant leur coin de vie sans sortir de leur monde.
Tous les jours quel que soit le temps. Plusieurs femmes secouent un balai, un attrape poussière par la fenêtre sans se préoccuper de la destination de la poussière ainsi répandue
Une cité plus vraie que nature.
Merci, Véronique, pour ces vues de la fenêtre.
Oui merci pour toutes ces photographies de la cité qui s’animent à la lecture de ton texte. On y est ! Merci