1. Fantasme – Inventorier précisément nom et prénom des voisins, même ceux des immeubles d’habitation de la rue du Docteur Cabre au-dessus des commerces et de la banque. Faire le tour du quartier et oser. Sonner un matin. De préférence un dimanche. Pas trop tôt quand même. Oser. Donner le bonjour – au sens plein et fort d’un souhait de bonne journée – suivi du prénom ou de Monsieur / Madame suivi du nom. S’assurer avant qu’ils sont bien réveillés. Sous peine de ruiner le souhait dans le cas contraire. 2. Tard le soir, faire le tour du pâté de maison et déposer tous les mètres un caillou blanc. Le lendemain, voir ce qu’il en reste, observer et noter la réaction des passants. 3. Aux quatre angles du pâté de maison, poser le long du mur un parapluie de couleur vive différente dans un pot de fleurs. Prévoir une petite pancarte : « Servez-vous ! Merci de le remettre à sa place après usage. » 4. De nuit, matérialiser le tour du pâté de maison par un fil rouge, à la craie ou bien en utilisant un vrai fil ou bien une cordelette. 5. Distribuer des tracts poétiques aux heures d’embouteillage. 6. Apposer sur chaque façade de maison abandonnée ou mur de friche une pancarte à la manière de la plaque à l’entrée de la maison de l’Historien Lacour dans la rue du même nom : « Auguste Lacour, historien de la Guadeloupe a vécu dans cette maison et y est mort le 7 mai 1869. » Les noms seront fictifs ainsi que les professions. 7. Faire dix fois le tour du pâté de maison et noter scrupuleusement le nombre de personnes rencontrées à chaque fois. Variante : sur une demi-journée de quatre heures, une fois le matin, une fois l’après-midi, à chaque heure sonnante de la cathédrale, procéder au même inventaire. 8. Sur la partie gauche de la grande dalle en béton d’un ancien couvent – laissé à l’abandon, squatté puis ravagé par un incendie – dessiner une grande marelle à la craie. 9. Dresser un inventaire du pâté de maison : nombres de portes, nombre de pas pour en faire le tour, nombre de commerces en activité, nombre de numéros de maisons, nombres d’enseignes ou de plaques écrites. 10. Transformer l’une des friches en jardin partagé.
Émilie, tu fais de la pure psychogéographie !
Merci pour ton texte, qui tend vers Debord et les lettristes !
Merci Fil pour ton retour toujours aussi enthousiasmant ! L’écriture permet d’oser, de fantasmer. Je ne connaissais pas Debord et les lettristes. C’est revigorant ces protocoles d’action. Mais je sens qu’il faudrait oser encore plus. En attendant je vais enfin pouvoir renouer le fil des lectures et des commentaires après une semaine d’oral de bac de français.
Je me rends compte en lisant les textes des participants à cette piste de l’atelier, qu’elle est très révélatrice de nos différentes personnalités, il y a ceux qui veulent transformer radicalement le monde, il y a ceux qui se tiennent au bord, à distance, il y a ceux qui en rient, il y a ceux que cela met en colère, il y a les ironiques, les amuseurs, les nostalgiques. Il y a chez vous une forme de bienveillance, une discrétion, un souci du détail, une attention aux autres qui fait toute la différence. En vous lisant on a l’impression que vous pourriez mettre en pratique rapidement ces protocoles (si ce n’est pas déjà fait ?).
Merci Philippe pour votre retour…Justement j’aimerais tellement oser…J’en suis loin… Mais si l’écriture donne l’impression, c’est déjà ça…