Le chemin est là, toi tu le sais qu’il est là. Un peu de plat dans la pente, pas le même angle, un creux, un tremplin pour tout ce qui dévale. Une cassure. Du piétinement, du passage de vivant, la trace du passage du passé dans le présent. Du confort de marche pour deux ou quatre pattes. Alors quand tu passes tu enlèves les branches, les bouts de bois, ce que le vent ne pourra pas pousser, tu le pousses vers le côté bas pour que la gravité s’en occupe et pour ne pas risquer de les voir revenir sur le chemin. Tu casses si c’est trop lourd. Tu pousses. Si c’est un arbre tu essayes d’enlever les branches pour faciliter le passage au-dessus ou en-dessous. Tu rends à la forêt sa nourriture qui ne nourrira personne là où le sol est tassé de piétinements. Tu prépares la page pour poser des histoires de pas. La page, pas la feuille. Ici les feuilles sont autres. Elles sont vert tendre vert vert foncé vert pâle jaune orangé marron terre. Elles sont l’a côté du chemin, la forêt, le sous-bois . La page où tu vas dessiner le chemin. Tu ne dessines pas en ajoutant de l’encre tu dessines en enlevant des branches. Et quand le chemin sera bien dessiné sur le sol tu pourras le dessiner sur une carte pour en faire une histoire de l’histoire.
Dessiner en retranchant. Doux chemin vers l’histoire