Refaire, faire pour la première fois, ce chemin, le parcourir comme chemin nouveau, le traverser pour de vrai après l’avoir parcouru cent fois par l’esprit, renifler les traces de celle qui fut, renifler comme chienne, truffe au sol, chercher sans savoir ce que l’on vient chercher, marcher comme dans son âme, non cartographiée, marcher, marcher avec elle, parce qu’elle écrit avec toi, un pas devant l’autre, continuer sans savoir, penser rencontrer un fantôme, quelque chose de quelqu’un qui erre encore, aller droit devant soi et faire comme si, comme si on trouvait, comme si nos yeux se rencontraient, et là sourire, esquisser le sourire, et saluer, comme si de vrai, marcher par l’esprit sur les routes, sentir les gravillons dans ses chaussures, à force de les battre sur le sol accidenté, longer toujours la mer à sa droite, continuer sur ces chemins, comme si on voulait creuser un sillon bien droit, persister dans sa marche, malgré le soleil qui tape le front, la salive qui manque, la gorge qui brule, le gravier dans les chaussures, malgré sa tombe qui n’existe peut-être pas, (mais le corps lui a existé, le corps lui a été, le corps lui a déjà foulé cette terre), malgré, chercher encore quelque chose d’elle qui erre encore ; le monde porte en lui la trace de tout ce qui a vécu.
Quel beau texte…
Merci, Catherine !
Magnifique texte… !
« chercher encore quelque chose d’elle qui erre encore ; le monde porte en lui la trace de tout ce qui a vécu. » ces mots en particulier me touchent beaucoup.
Merci… j’aimerais creuser cette idée, qu’on laisse toujours une trace, que le monde ne sort pas indemne des existences qui le traversent.
oh comme j’aime ces errances accompagnées, j’avais renoncé à cette proposition, ton texte me donne envie d’y revenir, merci
Oh, ça me touche ! J’avais hésité à me lancer dans le #40, c’est aussi ce que tu as écrit qui m’a donné envie de…
C’est magnifique, ce elle énigmatique, la fille issue de soi peut-être, ou la ville qui « écrit avec toi », ou l’être toujours là qui hante, ballade pour une défunte – ou pour cette somptueuse offrande que vous avez écrite
Merci pour cette lecture, effectivement, cela rentre dans un projet d’écrire pour/d’une offrande, comme vous dites.
« le monde porte en lui la trace de tout ce qui a vécu » et nous cherchons notre trace à travers lui. Quel beau texte !
Un texte comme si on cherchait tout haut ses mots afin de se les préciser à l’oreille et ce faisant demander tout haut aussi au silence de valider cette quête … très chouette texte