Que t’as donné ta ville ? Que lui as-tu rendu ? Qu’est-ce qu’elle t’a pris ? Que lui as-tu offert ? Je ne sais pas.
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Elle a donné ses nuits son noir du ciel une étoile filante ses cauchemars offerts à l’oreiller aux draps de lumières voiles sur ses escaliers au travers des fenêtres un sourire dessiné. Elle a donné ses peurs ses coins sombres souterrains une larme un jour la pluie un autre. Elle a donné ses lignes blanches pour guides et frontières à effacer à force de temps et de sang sur les murs déposé. Elle a donné un feu clignotant intérieur allumé année après année. Elle a donné sa verticalité de béton d’arbres trop taillés son dos droit et un visage qui ne s’est pas retourné. Elle a donné ses sons son cri ses noyades une bouée deux mains agrippées. Elle a rendu la monnaie en piécettes dérisoires un puzzle à reconstituer. Elle a rendu son âme qu’elle aille peupler d’autres contrées. Elle a donné un ver un fruit un pommier vert. Elle a pris donné rendu elle a rendu donné pris. Elle a donné un bracelet à la cheville. Elle a pris la poudre est partie. Elle a donné son horizon. Un sillon un diamant un volcan. Elle a donné ses voisins elle a vendu ce qu’elle avait elle a recyclé elle a transformé elle a tendu une main jamais attrapée. Elle a donné un nuage un rêve un orage. Elle a donné son attente elle a pris son retard elle s’est assise dans ses escaliers elle s’est laissée traverser elle s’est laissée quitter elle a donné un aller. Simple comme elle a offert de revenir puis s’est envolée. Elle a donné sa clé sa carte son chemin sa pluie a tout emporté elle a séché ses pieds elle a séché ses joues. Elle a donné une rivière des souvenirs emportés sur ses courants son rivage. Elle a donné une poignée d’orties. Frotter frotter faire briller. Elle a donné une pierre blanche elle a offert ses pavés. Elle a donné son foyer elle l’a volé son foyer elle l’a rendu. Elle a donné un chemin éclairé. La nuit elle s’est échappée elle a donné sa course folle ses cheveux détachés elle a donné un endroit pour s’en retourner.
[composé puis joué sur mon vieux piano normand et désaccordé que je n'avais pas touché depuis bien trop longtemps]
richesse toujours chez toi
merci
Merci Françoise, ça me touche…
Très beau texte, Rebecca ! Sur cette belle musique lancinante… Un grand bravo ! Un grand merci !
Oh merciii! C’est ma première « compo » [ok, à base de trois accords ;)]
C’est beau ! Paroles, musique, rythme, tout !
Quelle inspiration ! et toujours au coeur de la ville qu’on a tendance à oublier… Bravo!
Cette lecture lente accompagnée par trois accords (ils suffisent) sur un piano désaccordé et une voix profonde, cette lecture d’un texte aux belles images poétiques … quel don ! Merci