Salle d’embarquement. Moquette rouge lie-de-vin. Traces des roulettes des valises sur le sol en impression plus foncée. Corps en attente. Le temps s’égrène dans l’espace : destination après destination sur le tableau des départs. Concentration des corps avant dispersion. Elargissement des langues. Corps immobiles. Corps en mouvement dans le va-et vient de cet espace où rien ne demeure, où rien ne se fixe. Succession des corps-destinations sur les larges canapés en simili cuir vert. Dessous petits rectangles gris vissés aux quatre coins. Dedans deux ronds de prises, cerclés. A l’intérieur deux petits rectangles de prises USB, trois petits ronds de prise. Imbrication de formes. Rond de l’horloge. Rectangle des écrans publicitaires et des chaines d’informations en continu qui défilent succession silencieuse d’images et de bandeaux. Ecouteurs vissés sur les oreilles. Des qui mangent qui téléphonent qui marchent qui regardent qui lisent qui pianotent. Retards annoncés. Nouvelle dilatation du temps. Rumeur des voix des langues des cris d’enfants des rires en sourdine. Plafond en acier vert clair. Lignes droites et diagonales. Barres des néons. Pieds posés sur une valise. Un homme presse frénétiquement sur le bouton d’un distributeur de boissons. La cannette de métal tombe dans un bruit sourd. L’homme se baisse en se tenant douloureusement le dos pour récupérer son dû. Corps allongé qui se tourne et se retourne sur le simili cuir. Large rectangle de baie vitré offrant une vue imprenable sur le tarmac. Défilé silencieux de silhouettes dans la transparence d’une passerelle d’accès. Attente en suspens momentanément. Vertige et vibrant des transparences dans l’air chaud d’un moteur d’avion. Le décor fond. Va-et-vient des véhicules de service. Un avion tourne en rond.
La longue attente, si bien écrite !
Merci Émilie !
Merci Fil de ton retour qui fait toujours chaud au coeur !